Secrets industriels
Le cofondateur d'Oculus, Palmer Luckey, est reconnu coupable d'avoir enfreint un accord de non-divulgation conclu avec ZeniMax lors du développement de son casque de réalité virtuelle.
Le procès opposant Oculus à ZeniMax, intenté en mai 2014, a tiré à sa fin cet après-midi. Le jury d'un tribunal de Dallas au Texas a conclu qu'un accord de non-divulgation a été violé par Palmer Luckey au moment où celui-ci correspondait avec John Carmack, à l'époque employé d'Id Software, filiale de ZeniMax.
Selon ZeniMax, Carmack a jeté les bases du logiciel permettant à l'Oculus Rift de fonctionner alors qu'il travaillait toujours pour sa filiale.
La défense alléguait que Carmack n'avait offert que du soutien pour permettre au moteur de DOOM 3 de bien fonctionner avec l'Oculus Rift. Mais selon ZeniMax, le rôle de Carmack était beaucoup plus important : il aurait en réalité jeté les bases du logiciel permettant au Rift de fonctionner alors qu'il travaillait toujours pour sa filiale.
ZeniMax a ajouté qu'Oculus aurait esquivé toute tentative pour établir un accord de licence pour résoudre la situation. Pour sa part, John Carmack a quitté Id Software en novembre 2013 afin de se consacrer à son poste de directeur technique... chez Oculus.
Rappelons que quelques semaines avant que ZeniMax passe de la parole aux actes, Facebook s'est porté acquéreur d'Oculus pour la coquette somme de 2 milliards de dollars US.
Dans ce contexte, l'une des principales questions au cœur du procès était de savoir si Luckey avait l'expertise technique nécessaire pour faire fonctionner le Rift sans le code de ZeniMax. Aux yeux de la poursuite, le prototype créé des mains de Luckey fonctionnait à peine avant que Carmack ne le raffine grandement. Bien entendu, la défense a pour sa part vanté les compétences de Luckey en le décrivant comme un jeune génie avec une grande aptitude technique.
Alors que le jury a reconnu le non-respect de l'accord de non-divulgation par Luckey et l'infraction au droit d'auteur qui en a découlé, il a rejeté les allégations de détournement de secrets industriels de ZeniMax par Oculus.
Des 500 millions de dollars US qui devront être versés à ZeniMax, Oculus devra payer 200 millions pour non-respect de l'accord de non-divulgation et 50 millions pour infraction au droit d'auteur, 100 millions seront partagés par Oculus et Luckey pour fausse désignation, et les 150 millions restant devront être versés par Brendan Iribe, l'autre cofondateur d'Oculus, également pour fausse désignation.
À noter que lors de son plaidoyer final, l'avocat de ZeniMax, Anthony Sammi, a maintenu que la poursuite méritait de recevoir 2 milliards de dollars en compensation ainsi que 2 milliards de dollars en dommages-intérêts punitifs.
Oculus a déclaré qu'elle souhaitait faire appel de la décision.
"Le cœur de cette affaire était de savoir si Oculus avait détourné des secrets industriels à ZeniMax, et le jury a rendu un verdict en notre faveur", a déclaré un porte-parole d'Oculus à Polygon.
"Nous sommes évidemment déçus par certains autres aspects du verdict d'aujourd'hui, mais nous ne sommes pas décontenancés. Les produits Oculus sont construits avec la technologie Oculus. Notre engagement envers le succès à long terme de la réalité virtuelle reste le même, et toute l'équipe poursuivra le travail qu'elle a accompli depuis le début : développer la technologie RV qui transformera la façon dont les gens interagissent et communiquent."