La chronique dorée de Hohenschwangau, un livre-lien entre le Roi Louis II de Bavière et la Baronne Esperanza de Truchseß

Publié le 01 février 2017 par Luc-Henri Roger @munichandco

Page titre de la Chronique dorée d'Hohenschwangau


En 1842, Jospeh von Hormayr publiait à Munich son livre Dieœ goldene Chronik von Hohenschwangau, der Burg der Welfen, der Hohenstauffen und der Scheyren qu'il offrait en dédicace à son Altesse Royale le Prince hériter Maximilien (1811-1864), le futur Roi Maximilien II de Bavière, qui épousa l'année de la sortie du Marie de Hohenzollern, fille du prince Guillaume de Prusse, fils cadet du roi Frédéric-Guillaume II de Prusse et cousine germaine des rois Frédéric-Guillaume IV et Guillaume Ier (le futur Kaiser). De cette union naquirent Louis (1845-1886, le futur Louis II de Bavière) et Othon (1848-1916), le futur Othon Ier de Bavière.

Gravure sur cuivre in Die goldene Chronik von Hohenschwangau


Jeune encore et prince royal, Maximilien n'a que 21 ans lorsqu'il fit ériger en 1832, sur les ruines d'un château féodal, le château de Hohenschwangau, célèbre pour ses cygnes, (en allemand Hohenschwangau signifie haut pays du cygne). Louis naquit en 1845, Othon en 1848, l'année au cours de laquelle leur grand-père, Louis Ier de Bavière fut contraint d'abdiquer en faveur de son fils Maximilien, qui devint alors  Roi sous le nom de Maximilien II. La famille princière puis royale fit, on le sait, de longs et fréquents séjours à Hohenschwangau. Maximilien avait choisi le lieu du royal séjour et la Reine Marie, qui fut une des premières femmes alpinistes, adorait la montagne.
Le livre Die goldene Chronik...avait été offert en 1842 par son auteur en hommage au Prince héritier Maximilien avec le plus profond respect (in tiefste Ehrerbietung). Il figurait donc nécessairement dans la bibliothèque royale et il se peut bien que Louis et Othon, les enfants du Roi, s'y plongèrent eux aussi pour connaître l'histoire des montagnes de rêve où ils passèrent une grande partie de leur enfance. On y trouve des gravures sur cuivre du château de Hohenschwangau après sa reconstruction par Maximilien, il a donc exactement l'aspect que connut la famille princière puis royale.

Deuxiéme gravure sur cuivre


Coïncidence étonnante, la Baronne Esperanza von Truchseß-Wetzhausen, née Sarachaga, restée notamment célèbre pour avoir voulu sauver le Roi Louis II lors de l'épisode tragique de son arrestation faisant suite à sa sa destitution, peu avant sa mort le 13 juin 1886, avait recopié mot pour mot un passage de ce même livre dans son journal intime (pp. 46 à 49). Elle avait également indiqué au bas de sa retranscription le lieu et la date où elle l'avait effectuée: in Waltenhofen zwischen 28.Mei und 9. juni 1886. ( A Waltenhofen entre le 28 ami et le 9 juin 1886). Ceci constitue une preuve quasi certaine que la Baronne von Trchseß possédait un exemplaire de  Die goldene Chronik ..., et qu'elle résidait à Waltenhofen au moins jusqu'au 9 juin 1886. La Baronne s'intéressait à tout ce qui touchait son Roi et avait naturellement porté son attention sur un ouvrage qui évoquait le passé du lieu de résidence favori de son royal ami.
Waltenhofen est la partie de Schwangau qui donne sur la rive sud du Foggernsee, à deux ou trois cents mètres des châteaux royaux de Hohenschangau et Neuschwanstein. On sait que la Baronne, grande admiratrice et amie du Roi Louis II, aimait séjourner dans l'entourage immédiat du Roi. Le 10 juin 1886, elle n'eut que quelques centaines de mètres à parcourir pour se porter au secours de l'homme qu'elle révérait le plus au monde après son défunt mari.
Le Roi Louis II de Bavière et la Baronne Esperanza de Truchseß évoquèrent-ils un jour leur intérêt commun pour la Chronique dorée d'Hohenschwangau, on  n'en saura probablement jamais rien, mais le hasard de cette coïncidence a quelque chose d'infiniment touchant et poétique.
Posts précédents concernant la Baronne Esperanza de Truchseß-Wetzhausen, née Sarachaga: Sources: Die goldene Chronik von Hohebschwangau et les Tagebuchblätter (1862-1892)  de la Baronne Esperanza de Truchseß ont entièrement tous deux été digitalisés par la Bayerische Staatsbibliothek et sont gratuitement accessibles en ligne (cliquer sur les liens pour accéder aux livres digitalisés).