« Au commencement était la colère » est le premier volet d’une saga prévue en quatre tomes. Si le peu de sagesse qui sommeille en moi m’incitait à attendre la suite avant de me lancer, il y avait tout d’abord cette superbe couverture qui me faisait dangereusement de l’œil, puis il y avait le nom de Zidrou qui a fait péter tous les mécanismes de sécurité censés contenir le bédéphile compulsif qui a dévoré ce premier tome…
Le récit débute à notre époque en compagnie d’un riche industriel, mais un flash-back explosif nous propulse très vite en plein Londres victorien. Si Zidrou invite à suivre la destinée de plusieurs personnages sur différentes époques, le cœur de l’intrigue se déroule en 1851, lors de la toute première Exposition universelle. C’est là que débute l’enquête et la colère de Jennifer Winterfield, la fille rebelle du Colonel Winterfield, qui aimerait bien découvrir le mystère qui se cache derrière cette japonaise exposée, qui tient visiblement un bébé mort dans ses bras…
Outre ces deux héroïnes fortes, qui s’installeront progressivement à l’origine d’une colère viscérale qui frappera à travers les époques, Zidrou propose une galerie de personnages charismatiques. De l’attachante petite Pickles au détestable révérend, en passant par le docteur Winterfield ou les membres de ce petit groupe sectaire aux pratiques répugnantes, aucun protagoniste ne laisse le lecteur indifférent. L’auteur ne manque pas non plus d’utiliser ce casting particulièrement réussi pour dénoncer la condition des femmes et des pauvres au sein de cette société sexiste, hypocrite et cruelle.
Au cas où la présence d’un Zidrou, de surcroît en grande forme, ne suffirait pas à vous convaincre de lire ce tome, je vous invite à le feuilleter afin de découvrir le graphisme époustouflant de José Homs (Millenium, Secrets : L’Angélus). La mise en images dynamique et soignée du dessinateur espagnol fait des merveilles, que ce soit au niveau de l’univers sombre auquel il donne vie ou au niveau de l’expressivité des personnages. Notons de plus la présence d’un cahier graphique réservé à la première édition.
Bref, lisez cette saga qui inaugure de bien belle manière mon Top BD de l’année !