Moonlight // De Barry Jenkins. Avec Mahershala Ali, Shariff Earp et Duan Sanderson.
Avec ses huit nominations aux Oscars, Moonlight pourrait bien être la surprise inattendue. Véritable triomphe public et critique, Moonlight a su m’emporter en parvenant à me toucher. Trois acteurs, trois âges, mais une seule âge qui traverse les âges. Alors que Boyhood était un miracle il y a quelques années dans le genre, Moonlight parvient à maintenir un vrai lien entre les trois acteurs qui vont incarner Chiron au fil des années. Et ce n’était pas facile. Chiron est pauvre, afro-américain et gay. On ne peut pas dire qu’il ait la place la plus facile aux Etats-Unis. Alors que l’on parle beaucoup de l’absence de blancs dans le film (hormis deux clients d’un restaurant à la fin du film). Barry Jenkins (Medicine for Melancholy) brille par sa façon de mettre en scène ce film, utilisant les personnages et les décors de façon intelligente. Cette histoire, touchante, parvient à raconter les travers de la vie à sa façon. Dès la scène d’ouverture, brillante comme tout, on sent que Moonlight n’est pas un film comme un autre. Qu’il est réellement là pour nous bouleverser avec la dure réalité des choses de la vie. C’est là que l’on nous introduit à Juan, incarné par un Mahershala Ali brillant, qui parvient à devenir un premier narrateur de l’histoire du petit Chiron avant que ce dernier ne commence à devenir son propre narrateur.
Après avoir grandi dans un quartier difficile de Miami, Chiron, un jeune homme tente de trouver sa place dans le monde. Moonlight évoque son parcours, de l’enfance à l’âge adulte.
Moonlight parle de beaucoup de sujets complexes avec lesquels il ne faut pas faire de faux pas au risque de décevoir le téléspectateur. Ainsi, le film traite de sujets forts comme celui de l’identité que l’on se cherche quand on grandit, la question de la race et de la place que l’on a dans la société, de culture aussi, sans compter la sexualité qui reste toujours une question importante de la jeunesse de tout être. Le personnage de Chiron est alors décortiqué au travers de tout ce qu’il a pu faire dans sa vie. Quand Juan dit à Chiron qu’il doit décidé ce qu’il veut devenir, il a raison, chacun est maître de son destin et je pense que c’est la morale que cherche à nous dicter ce film. Il ajoute que personne ne peut prendre de décision à notre place et là aussi il a raison. Moonlight parle aussi du fait que l’on est plus ou moins façonné à l’image de ceux qui vivent autour de nous. Et la renaissance entre Chiron et Juan à la fin du film est frappante. C’est ainsi encore une façon de rappeler que l’on est toujours influencé dans la vie par la morale qui nous est dictée et les actions de ceux qui vivent autour de nous. Moonlight nous laisse voir quelque chose de lumineux et sombre à la fois, avec un casting brillant et des dialogues soutenus qui entretiennent toujours ce réalisme étonnant et frappant. Moonlight est ainsi la bonne surprise de ce début d’année 2017 qui avait déjà bien démarrée avec La La Land…
Note : 10/10. En bref, une histoire pleine de poésie sur la façon dont ceux qui nous entourent façonnent notre façon d’être…