Exposition « Autodéconstruction » | Local Canal Sud

Publié le 27 janvier 2017 par Philippe Cadu

Exposition du mois de Février 2017 - Vernissage Vendredi 3 Février 2017 à partir de 19 heures.

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AUTODECONSTRUCTION

" Exposition est destinée cette fois-ci à un public " averti ".

" Dieu est mort ! Dieu reste mort ! Et c'est nous qui l'avons tué ! Comment nous consoler, nous les meurtriers des meurtriers ?[...] La grandeur de cet acte n'est-elle pas trop grande pour nous ? Ne sommes-nous pas forcés de devenir nous-mêmes des dieux simplement - ne fût-ce que pour paraître dignes d'eux ? " Friedrich Nietzsche- Le Gai Savoir.

" Dieu est mort ", tragique apophtegme suivi d'une imprécation des plus dramatiques : devenez votre propre Dieu. Le trépas du raté d'en haut ouvre donc la voie à un idéal encore plus masochiste que le simple respect d'une morale sacrée et désuète. Ce vœux pieux réservé à une aristocratie de l'esprit semble pourtant bien imperméable à notre propre implication en ce monde. Tentons toutefois l'expérience, l'art nous fait souvent dériver vers une identification au grand démiurge décédé. Mais ne nous arrêtons pas là, dans une perspective déconstructionniste, soyons un des fossoyeurs de ce nouveau divino-morphisme de solitaires. Enterrons donc notre ego sacralisé et quelques uns des objets de culte afférents, dépeçant les confusions et les non-dits qui construisent nos croyances et notre art. Certes, cette destitution du moi semble absurde. D'une part, un cartésianisme primaire nous fait revenir à la certitude primitive du doute méthodique : " ego cogito, ergo sum" ; assurance que notre indigent flux de conscience justifie notre propre existence. D'autre part, cette ambition de l'oubli de soi n'est pas nouvelle : le bonze ou le mystique n'y aspire-t-il pas depuis l'antiquité ? Il faut toutefois reconnaître que leurs objectifs sont bien différents de celui que nous nous sommes fixé. Ils répondent tous deux à des croyances bien théorisées : briser le cycle des réincarnations ou s'abîmer en Dieu pour mieux siéger à sa droite le jour du jugement dernier. Enfin, la boisson ne peut-elle pas facilement nous faire perdre conscience de nous-même sans pour autant cesser d'être ?

Trêve de pédanterie, comme le disait Montaigne : " je ne suis pas philosophe ", venons-en au fait. Ici, nous considérons ces dogmes comme des folklores, ces philosophies comme des inspirations. Il ne s'agit pas d'être cohérent dans ce cheminement jusqu'au-boutiste mais bien de s'imbiber l'esprit d'une tension métaphysique pour générer des œuvres à l'imagerie fiévreuse, propres à un effet cathartique intense.

Je laisse le dernier mot à un jeune hégélien déchaîné, censuré puis autorisé car jugé absurde.

" Dieu et l'humanité ne se préoccupent de rien, de rien que d'eux-mêmes. Laissez-moi donc, à mon tour, m'intéresser à moi-même, moi qui, comme Dieu, ne suis rien pour les autres, moi qui suis mon tout, moi qui suis l'unique. " Max Stirner - L'Unique et sa propriété.

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