Quand j'ai su que nous allions partir à Montréal, j'ai commencé à réfléchir au travail que je pourrais faire une fois sur place. Comme je l'ai dit plusieurs fois sur mon blog, je n'avais pas envie de renouer avec le métier d'infirmière pour diverses raisons. Je n'aurais, de toute façon, pas pu exercer de suite car l'ordre infirmier demande à ce que l'on trouve un hôpital qui accepte de nous faire suivre un stage rémunéré. Malheureusement, dû aux restrictions budgétaires dont fait l'objet la santé au Québec, il y a de moins en moins d'emplois dans ce secteur.
J'ai commencé à travailler comme infirmière à 21 ans, ce qui a quand même limité mon expérience des petits boulots. De 16 à 18 ans, j'ai ramassé les framboises et j'ai donné les paniers à la piscine l'été. Ensuite est arrivée l'école d'infirmière, je me suis donc concentrée sur des boulots dans mon domaine. La première année, j'ai été employée en tant qu'aide à domicile puis j'ai enchaîné pour certains week-ends et quelques semaines l'été (je n'avais qu'un mois de vacances) comme aide soignante en maison de retraite et en service de rééducation.
Quand j'avais " des coups de mou ", je me disais que si je partais à l'étranger, j'aurais pu faire tout un tas de métier. Ça allait de serveuse dans un bar à jus (c'est mon côté bio ), à dog-sitter en passant par vendeuse dans une librairie. Arrivée ici, je me suis mise en quête d'un emploi. Je dis en " quête " car effectivement cela peut s'apparenter à la Quête du Graal. J'imagine que tu as déjà vu des reportages vantant la vie merveilleuse que tu pourrais avoir à Montréal et surtout le plein emploi qui est présent. Alors oui, c'est vrai si tu as un métier spécifique et recherché par le Canada. Par exemple, dans l'informatique, tous ceux que je connais n'ont pas de difficulté à trouver un emploi bien payé en peu de temps. Pour les autres, c'est des fois un peu plus compliqué...
Mon CV est très axé " santé et soins infirmiers " ce qui me pénalise malgré mon visa de travail ouvert d'une durée de 3 ans. Je suis pourtant quelqu'un qui a l'habitude du changement, en 7 années d'exercice, j'ai travaillé dans tous types de service et j'ai même eu ma propre entreprise. Dans mon boulot, je suis quelqu'un de sérieuse et professionnelle, je pense même pouvoir me définir " de confiance " (sans me vanter hein !), j'ai l'habitude des " rush " qui, malheureusement pour les patients, étaient quotidiens dans mon métier. Je sais donc garder mon " sang-froid " et surtout être efficace en période de stress.
Il faut dire que je n'ai jamais connu de périodes de chômage, je suis arrivée dans une période de " plein-emploi " sur le marché du travail infirmier. Le moment où si telle structure ne me plaisait pas, je passais un entretien et je partais ailleurs. J'ai été très chanceuse de côté-là, je n'ai jamais eu l'angoisse de ne peut-être pas retrouver du boulot dans ma branche. J'ai donc connu le chômage à 28 ans en arrivant ici. Un chômage voulu et (j'ai envie de rajouter) désiré. Cela faisait parti des " sacrifices " à faire pour venir ici et pour refaire ma vie.
En arrivant à Montréal, j'ai donc égrainé les sites d'emploi comme Kijiji ou Indeed, en ne mettant aucun filtre sur tel ou tel métier. Il me fallait un travail, pour une histoire d'argent comme tout le monde mais aussi parce que psychologiquement parlant, je ne peux pas rester sans rien faire chez moi. Je suis quelqu'un qui a besoin d'avoir un but pour me lever le matin.
J'ai eu des entretiens dans divers secteurs. La restauration, la petite enfance, les magasins... et une remarque revenait sans cesse " mais pourquoi, à votre âge, vous voulez gagner 3 ou 4 fois moins qu'en tant qu'infirmière ? " J'ai eu beau argumenter vouloir un emploi même au salaire minimum, pour découvrir autre chose, me faire une expérience dans un autre domaine... Bien sûr je n'ai pas tout le temps été rappelée mais j'ai quand même réussi à décrocher un emploi dans la restauration. Après 2 jours d'enfer, entre la chaleur des cuisines, le bruit de la salle et de la hotte, j'ai préféré abandonner. J'étais allée au-delà de mes limites et pour ceux qui sont le domaine de la santé, c'était à comparer aux services où tu dois faire 10 toilettes à la chaîne. Je tire mon chapeau à ceux qui bossent en restauration, j'en ai conclu que ça n'était pas pour moi.
Je te passe les entretiens que j'ai eu en crèche ou garderie et où on te dit que, même si tu es infirmière depuis un certain temps, on ne pourra pas te payer plus de 12 dollars de l'heure. Entendre ça venant de gens qui n'ont aucune qualification dans le domaine de la petite enfance voire même de la santé (parce qu'ici tout le monde peut ouvrir sa crèche) m'a fait doucement rire. Voulant couper avec mon ancien domaine d'exercice et n'étant pas particulièrement attirée par les enfants (du moins pas assez pour les supporter pendant 40 heures par semaine), j'ai préféré décliner les offres dans ce domaine.
J'ai donc continué mes recherches dans le domaine de la vente car les deux jours en restauration m'ont permis de comprendre que j'avais besoin d'avoir un contact avec les gens car être isolée dans un coin de la cuisine sous ma hotte n'était définitivement pas pour la grande sociable que je suis. Le problème qui est arrivé ensuite est " mon manque d'expérience au Canada ". J'ai envie de te dire que oui c'est normal, je viens d'arriver donc je n'ai pas encore eu le temps de me faire expérience. Ce qui a gêné aussi c'était ma dernière expérience de travail. J'avais mon entreprise donc le patron c'était moi. Ici, ils aiment appeler ton ancien employeur pour savoir comment ça se passait avec toi.
Me voilà donc arrivée, fin novembre, dans un grand magasin, un peu désespérée. J'ai rempli le formulaire que l'on m'a tendu et à la question " quel est votre dernier employeur? " j'ai précisé à la dame que j'avais ma propre entreprise donc que je ne pouvais pas lui donner de numéro à appeler et là, miracle ! " Moi aussi, avant d'être ici j'avais ma propre entreprise et ça n'a pas posé de problème pour avoir un travail ici " m'a-t-elle répondu.
Tu l'auras deviné, j'ai été employée dans ce grand magasin pendant la période de Noël. Mon contrat était certes saisonnier mais l'expérience a été très enrichissante. C'est une entreprise connue et reconnue au Québec mais aussi partout dans le Canada, qui prend soin tout autant soin de ses clients que de ses employés. J'ai travaillé jusqu'à mi-janvier et je peux enfin mettre une expérience différente et surtout effectuée dans une grande entreprise à Montréal.
Je suis de nouveau à la recherche d'un emploi, la chose risque d'être un peu compliquée car je commence les cours mi-février et je n'aurai donc que peu de jours de disponibles par semaine.