25' après le passage de CoryFeye, le Studio Un accueille le projet Sisters In Crime!
Non, il ne s'agit pas de l'organisation visant à la promotion de women crime writers, mais d'un trio constitué de deux fausses soeurs, deux vraies pestes, deux chanteuses-lyriques s' étant associées à un pianiste gaumais, oui, ça existe, tâtant aussi bien du jazz que du Chopin, un certain Johan Dupont, avec lequel on t'assure il y aura de la joie!
Les Sisters sont la mezzo-soprano Sarah Laulan et la soprano Julie Mossay.
Le spectacle est déjà passé par le Palais des Beaux-Arts de Charleroi et par La Samaritaine, deux endroits où il a fait un tabac.
Les nanas et le broyeur d'ivoire ont décidé de nous plonger dans les années 50 au Sud de Manhattan, il et elles ont débarqué comme d'autres immigrants, c'était avant le décret de Donald, du côté d'Ellis Island, car les filles ont un rêve, voir leur nom scintiller sur les placards lumineux à Broadway.
Ne t'attends pas à une cantate sacrée ou à un oratorio, ni à une tragédie lyrique, il sera question de cabaret!
Un chapeau sort de coulisses pour prendre place derrière le piano, sans prononcer une parole il nous amorce un jazz alerte, soudain, deux voix émanent des tranchées, Sarah et Julie, fringuées Marlene Dietrich époque Années Folles, ont entamé la rengaine qui donne son nom au spectacle, ' Sisters in crime' ... they're just a little sexy... you bet, elles sont terribles.
Arrivées face aux spectateurs, elles font mine de les dénombrer, elles en ont choisi un dans le tas et s'en moquent gentiment, Julie sort un flacon d'une des poches de sa veste, ça ne doit pas être de la grenadine, je m'en tape une gorge et une autre. Attention danger, Sarah s'avance vers toi, pas de panique, elle te tend un chokotoff, périmé, d'après le grincheux assis au second rang.
Le ton est donné, le public va s'amuser pendant trente minutes.
Elles viennent d'entamer une séquence de body language délirante avant de passer à un numéro lyrico-burlesque infaillible basé sur 'I feel pretty' tiré de West Side Story.
Le public n'est pas encore revenu de sa surprise que les polissonnes attaquent une séquence tendresse, Julie entame ' Papa can you hear me', une rengaine larmoyante signée Michel Legrand.
Merde, Julie, ça ne va pas la tête, tu viens de plomber l'ambiance!
' We are women' aux effets de voix acrobatiques aura tôt fait de réinstaller la bonne humeur.
Le doute s'installe, Kurt Weill, 'I am a stranger here myself' , aussi fort que la version de Ute Lemper.
Sarah s'affale dans un sofa, rouge, sa copine embraye sur le standard ' The man I love' des frères Gershwin.
Superbe accompagnement au piano et tonnes d'applaudissements.
La version bilingue ' Mon homme/my man', Mistinguett versus Ruth Etting , fait des étincelles, elle engendre une dispute entre les deux mégères pas apprivoisées, anything you do, espèce de dinde, I do it better , ' Anything you can do' d' Irving Berlin tourne en pugilat vocal énergique et termine ce set à la fois drôle, piquant et pétulant.
Du grand art!