Auparavant, on aura slalomé sans cesse entre quelques moments magnifiques et beaucoup d’autres complètement grotesques. Carole Laure filme le sexe comme dans un vieux porno soft des années 70, met en scène la séquestration avec un je m’en foutisme déconcertant (que viennent donc faire dans cette galère les deux vieilles voisines de Rose ?), manie l’onirisme avec un style proprement pachydermique (ah, la scène des animaux de la ferme). Et oublie finalement de traiter son sujet, empêtrée dans toujours plus de digressions. Dommage : la jeune interprète de Rose disposait de toute l’intensité nécessaire pour transcender son beau personnage, et la description de ce père indigne était suffisamment crédible pour susciter le malaise. Mais Laure se noie dans l’auteurisme forcé et l’arty show, trop pressée d’être reconnue comme une vraie cinéaste et pas comme une ancienne actrice qui multiplie les caprices. Du coup, on a quasiment l’impression de s’être trompé de salle, de ne pas avoir vu le film attendu. Quant à Bussières et Lucas, malgré leur évidente implication dans le projet, ils sont comme absents, mal exploités par ce scénario inutilement tordu.
Arrive la fin, avec sa conclusion attendue. La capture nourrit d’autant plus les regrets que, comme d’autres scènes plus tôt dans le film, cette dernière séquence suscite une vraie émotion alors qu’elle est pourtant extrêmement prévisible. La preuve que Carole Laure a du style et que, si elle parvient à le maîtriser et à le mettre au service de scénarios plus fins, la réalisatrice canadienne a possiblement un avenir derrière la caméra.
4/10