Le sage indien Sitka Charley s'interroge devant une gravure. Il cherche un sens à cet instantané de vie. Il établit alors un parallèle entre l'art et la vie "Moi aussi j'ai vu maintes images de la vie, dit-il, des images qui n'étaient pas peintes, mais vues avec les yeux. (...) J'ai vu beaucoup de fragments de vie, sans commencement, sans fin, impossibles à comprendre."
Ainsi l'indien raconte l'une de ses aventures qui commence au bord du lac Lindeman. Il nous emmène à ses côtés dans la mission mystérieuse que s'est assignée une femme qui fuit en avant, poursuivie ou à la poursuite de quelque chose ou quelqu'un. La jeune femme se heurte aux conditions difficiles du grand nord, mais, portée par sa quête, elle continue à avancer, vivante. Elle dépasse ses limites physiques, luttant pour sa survie, grâce à la toute puissance de sa volonté. L'indien, témoin muet de sa fuite en avant aura beau chercher un sens à cette folie humaine, sa question restera à jamais sans réponse. Mais était-il nécessaire de comprendre ?
Si Jack London n'a pas son pareil pour peindre les contrées glaciales de l'Alaska, le froid mordant, les hommes qui avancent contre les éléments et luttent pour leur survie, la force de ses récits tient surtout à leur profondeur.
La Piste des soleils résonne comme un hymne à la création qui fige peut-être les vies des personnages, mais inscrit aussi des moments dans l'éternité. Chercher un sens à la vie comme aux histoires contées n'est peut-être pas tellement nécessaire. Jack London laisse la question ouverte, comme une invitation à interpréter notre propre vie et à lui assigner le sens qui nous convient ...
Cette mise en abyme de la création a été choisie pour honorer le nouveau rendez-vous hebdomadaire initié par Martine : tous les lundis nous mettrons l'accent sur une nouvelle "La bonne nouvelle du lundi"