Magazine Cinéma
Au travers d’un livre, pour l’instant, en auto édition, j’ai pu découvrir le travail de Sylvie R. Robert que j’avais entre-aperçu et déjà aimé sur Facebook
Les photographies de Sylvie Robert sont de l’amour. Un amour immense. Ses photographies sont des lettres d’amour. Des lettres d’amour à ses filles, aux paysages, à la lumière. A la vie.
C’est une photographie d’âme, une photographie du tréfonds, de l’intérieur. C’est son âme qui voit, qui photographie. Elle pose un regard, comme on fait une caresse. Elle a le temps du regard, ce temps ni long, ni court, à la fois instantané et émanant d’un désir lentement construit. Le temps de l’émotion et du souvenir. Le temps de l’écriture.
Elle possède l’art du flou, celui çi s’intègre dans l’image comme un élément primordial. Ce n’est pas seulement le flou d’arrière plan c’est aussi et surtout celui de premier plan, qui capte la fragilité du moment, celui du regard intime qui n’ose pas embrasser la totalité de la scène, et qui fait une pause sur le chemin de l’émotion. Un flou de questionnement, de peur peut être, d’infinie douceur aussi.
Ses photographies possèdent un rapport étrange et beau entre le premier plan et l’arrière plan. Il donne une sensation ambivalente de distance et de proximité, comme si l’auteure voulait d’un seule geste abolir, effacer la séparation de la perception du loin et du près, de l’instant et du souvenir. On retrouve aussi cette écriture de la confusion de la séparation et de l’unité dans ces cadrages élaborés de dos, de nuques comme autant de visage sans visage.
Dans ces photographies la présence de l’auteure est palpable. On sait qu’elle est là. On sait aussi qu’elle s’efface devant son propre regard. C’est une photographie incarnée, et là aussi elle nous perturbe et émeut par son désir de réunir en un seul instant, en une seule matière, la photographe et son sujet. Peut être que les photographies de Sylvie Robert sont en fait des autoportraits, des reflets d’âme.
Sylvie Rober donne à voir. Elle donne. C’est une photographie d’offrande. Que nous prenons dans notre regard avec mille précautions, mille plaisirs et mille remerciements pour ces instants passés avec ses photographies.
Photographie © Sylvie Robert 2017