Après Monestarium, formidable thriller médiéval, Andrea H. Japp récidive et nous entraîne au coeur du Perche, dans l'abbaye cistercienne des Clairets. Nous sommes en plein hiver 1307-1308, et une série de meurtres abominables transforme la maison de Dieu en repaire du démon.
En quittant l’époque contemporaine pour les XIIe et XIIIe siècles, avez-vous trouvé une période plus riche, plus lumineuse ou, au contraire, plus sombre ?
Andrea H. Japp : Au fond, la psychologie humaine n’a guère changé. Nous avons surtout fait évoluer notre environnement technologique. Tout est déjà présent au XIIIe siècle : la grandeur mais aussi la cupidité, la férocité de l’homme. Cela étant, le rapport à la mort est très différent. J’ai le sentiment qu’il s’agit d’une époque plus vitale que la nôtre. La mort peut frapper n’importe quand. Du coup, même si elle terrorise, elle n’est pas un frein, au contraire. Qui entreprendrait aujourd’hui de bâtir une cathédrale dont la construction prendra plusieurs siècles ? Surtout, la notion d’individu est floue. On oeuvre pour le village, l’abbaye. En découle une certaine idée du sacrifice au sens large que nous avons sans doute perdue.
A vous lire, on a l’impression que vous remonteriez volontiers dans le temps.
Andrea H. Japp : Je ne remonterais le temps qu’au printemps : il devait faire un froid épouvantable en hiver !