En ces périodes hivernales, où le froid nous pénètre au plus profond de notre être, il pourrait venir à certains l’idée d’allumer un feu de camp au sein de leur foyer. Un moyen simple et peu cher (du moins au premier abord) de se réchauffer rapidement, seul ou accompagné, si vous avez du mal à créer l’étincelle. Cependant, vous vous rendrez alors vite compte, à l’épreuve du feu, que ce coût peut par la suite s’embraser.
Ne réveillez pas le pyromane qui sommeille en vous
Dans ce cas, tout d’abord, ne vous sentez pas stupide ou abandonné, cela arrive à tout le monde. En moyenne, un incendie domestique a lieu toutes les 2 minutes en France. Commencez néanmoins à vous poser des questions sur votre pyromanie à partir du cinquième feu dont vous êtes le déclencheur. Vous êtes notoirement pyromane si vous êtes généralement un homme, fumeur, vous avez des antécédents de cruauté envers les animaux (allez trouver le lien…!), et vous êtes particulièrement pervers, avec une difficulté à assouvir normalement vos besoins sexuels. Dans ce dernier cas, vous pouvez donc avoir envie de réchauffer l’atmosphère en bonne compagnie pour arriver à vos fins, et l’incendie sera alors l’outil rêvé : le sein d’une demeure qui brûle atteint 600°C en moins de 3 minutes. Et même si, après tout, c’est le but que vous pourchassez ; comprenez qu’à cette température, il y aura des dégâts.
Ainsi, votre assurance deviendra votre prochaine victime. Et c’est grâce aux données fournies par ces dernières que l’on sait que le coût des incendies domestiques s’élève à 1,3 milliard d’euros chaque année. Ce montant est d’ailleurs supérieur de 160% à celui engendré par le vol (avec 250 000 incendies et 380 000 vols recensés chaque année). En tant que pervers remarquable, vous savez donc bien que pour ennuyer votre victime et son assurance, il vaut mieux mettre le feu à son domicile que le cambrioler. Un acte bien plus efficace, original, et avec un style Rock’N Roll indiscutable.
Des feux follets…
L’été est souvent la période des plus grands incendies. Et pas plus tard qu’en août dernier, dans les Bouches-du-Rhône, plusieurs feux de forêt ont lentement ravagé des hectares d’une garrigue unique, qui faisait la liaison de Marignane aux quartiers nord de Marseille. Au-delà du coût affectif pour ces populations chauvines du sud de la France, les autorités ont finalement chiffré le coût total de ce mois d’incendies à 1,6 millions d’euros. Un drame pour les autochtones. Le mois suivant a permis ensuite à la Californie de s’illustrer dans la discipline. Et dans le respect de la démesure américaine habituelle, le bilan fut particulièrement plus remarquable : 490 km2 dévastés, d’un coût évalué à plus de 200 millions de dollars.
Jadis, le feu a pu avoir des conséquences plus graves que des dégâts chiffrables en dollars. En 1666, les flammes de l’enfer ont quitté l’antre de ce monde pour y brûler la surface, à Londres. Ainsi nommé, le Grand Incendie de Londres a détruit plus de 13 200 foyers, semant la panique dans toute la capitale britannique pendant 3 jours pleins ; et a, en outre, aussi complètement détruit le Royal Exchange, première bourse d’échange de Londres, ancêtre direct de l’actuelle City. Le feu aurait donc bel et bien pu nous priver de la première place financière mondiale sans la détermination du roi Charles II à reconstruire l’édifice dans lequel se fixaient les prix d’échange des marchandises qui transitaient par Londres, lieu de rencontre entre entrepreneurs et commerçants. Décidément un bâtiment qui attire les flammes, car en 1853, le Royal Exchange est sujet à un autre incendie, puis encore restauré, cette fois ci pour rien, puisqu’il ne sert plus à rien (mis à part de théâtre et de bâtiment culturel).
Probablement le plus grand et plus connu pyromane de l’histoire, Néron, alors empereur romain, mit le feu à sa propre cité en Juillet 64. Cet allumé voulait s’inspirer pour son chant de la destruction de sa ville, chantant La Chute de Troie en contemplant son palais brûler ; palais qu’il put alors reconstruire après l’incendie, plus beau et plus grand, sur la base des zones les plus détruites. Au passage il mit le feu à plusieurs temples antiques et sanctuaires, des œuvres d’art grecques et des textes anciens. Un quart de la population de Rome se trouva alors sans abri. Il faut clairement concéder aux empereurs romains ce talent pour les feux dévastateurs. En 47 av. JC, Jules César essaye de séduire Cléopâtre, et pour se faire bien voir, il lui donne le pouvoir au profit de Ptolémée en déclarant la guerre à ce dernier. En incendiant la flotte basée à Alexandrie, il met aussi feu à la Grande Bibliothèque d’Alexandrie provoquant ainsi la perte de près de 70 000 rouleaux. Une vraie perte culturelle qui aura permis à Cléopâtre de trouver son Jules, et à ce dernier de lui déclarer sa flamme…
L’Histoire l’a montré : les incendies sont les occasions des pires destructions matérielles et culturelles. Mais vous, fièrement pyromane, n’en avez rien à faire : vous jouissez dans la constatation de ces dégâts et resterez fidèle aux conseils de Jean-Philippe Smet : allumez le feu !