Quand la page est blanche
Et que la neige tombe,
Ecrire encore serait comme une rature
Sur la beauté du monde.
Dans le jardin, un chat a laissé l’empreinte de ses pas
Jusqu’au bout de la nuit.
La neige tombe toujours
Et bientôt l’univers aura disparu.
On devine dans la brume
Une lune blanche et blafarde.
Silence nocturne.
J’écoute le chant de mes rêves.
Dans la nuit gelée
Il n’y a plus rien.
Rien que ma page blanche
Et moi qui la contemple.
Pourquoi écrire d’autres histoires
Quand tout est là, dans cette blancheur éternelle ?
Que dire encore qui n’ait déjà été dit
Par tous ceux-là qui se sont perdus sur les chemins du temps ?
L’aube déjà se lève.
Un oiseau ose un cri,
Puis retourne à l’oubli qui n’a pas de nom,
Celui du grand hiver qui a tout englouti.
Dans le salon, la lampe est restée allumée
Au-dessus du petit cahier bleu.
Sur la page vierge, un seul mot est tracé.
C’est celui d’un prénom de femme.