Je bois pour nos murs en carré
Et pour les portes encastrées,
Deux fois pour la haute fenêtre
Et pour la lampe toujours prête,
Pour tous les pays interdits
Et les cartes enfouies,
Pour l’air qui reste concevable
Et pour le monde, en nous, friable,
Pour les roues des locomotives
Et les clés des geôles à vif,
Deux fois pour nous deux, quatre fois
Pour nous tous je rebois,
Pour ce qui s’envole et trépasse,
Pour ce qui renaît sous la glace,
Pour nous deux qui ne feront pas deux
Et pour deux fois deux qui ne font jamais deux.
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Tomas Venclova (né en 1937 à Klaipeda, Lituanie) – Le chant limitrophe (Éditions Circé, 2013) – Traduit du litanien par Henri Abril.