(8/10)
Synopsis: Susan Morrow, une galeriste d’art de Los Angeles, s’ennuie dans l’opulence de son existence, délaissée par son riche mari Hutton. Alors que ce dernier s’absente, encore une fois, en voyage d’affaires, Susan reçoit un colis inattendu : un manuscrit signé de son ex-mari Edward Sheffield dont elle est sans nouvelles depuis des années. Une note l’accompagne, enjoignant la jeune femme à le lire puis à le contacter lors de son passage en ville. Seule dans sa maison vide, elle entame la lecture de l’oeuvre qui lui est dédicacée.
Critiquer un film comme Nocturnal animals relève du défi, l’analyser reste une manœuvre personnelle tant l’interprétation peut varier de quelques iotas selon le moment. Mais en définitive, l’aboutissant, lui, reste impitoyable. Une profondeur clairvoyante sur la profusion de chemins différents qu’une vie peut engendrer, selon des choix que l’on peut prendre par égard à soi-même pour une stabilité sociale confortable voire convenue. Des choix souvent sélectifs favorisant la facilité à la combativité, l’aisance plutôt que la créativité, en d’autres termes arborant le bâti aux dépens de la construction. Mais la question qui persistera plus tard sera de savoir si l’on comprend mieux une vie créée superficiellement à celle qui se construit pierre par pierre au fil du temps. Nocturnal animals est une réflexion allégorique formidable sur la remise en question de soi au moment de tirer un premier bilan.
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Le contraste éblouissant exercé par Tom Ford entre la vie épurée et aseptisée d’Amy Adams à l’apogée d’une réussite sociale totale et du roman de son ex-mari est tout simplement colossal. Une histoire tellement éloignée et pourtant remplie d’analogies avec celle de Susan Morrow. Dans un chassé-croisé sous forme de leitmotiv, ces connexités vont tisser une toile où petit à petit elles feront ressurgir, plaies et regrets. Amy Adams donne une profondeur et une dimension astrale au film, interprétation de la «Femme » dans tous ses états, on contemple médusé ce que la création a fait de plus beau et d’énigmatique.
Copyright Universal Pictures International
Elle transcende par son regard, elle tétanise par sa beauté monochrome. Chaque personnage du film qu’il soit fictif ou pas à une responsabilité cruciale sur le cheminement de l’histoire, Tom Ford réalise l’exploit de ne jamais nous faire dévier de l’essentiel sous peine de se perdre dans les méandres d’une multitude de ramifications confusionnelles. Jake Gyllenhaal à l’instar d’Amy Adams est partout, il bouffe l’écran, incarnant à la fois l’ex-mari, l’écrivain et le personnage de son roman, il va régenter le long-métrage, une omniprésence visuelle et psychologique déconcertante grandissant une fois de plus un film qui n’en finit plus de grandir.
Copyright Universal Pictures International
Cette course-poursuite entre fiction et réalité n’a qu’un seul but, celui de réunifier le passé au présent dans une thérapie inavouée qui va faire du bien, qui fera du mal….. Cette osmose parfaite des éléments apportera une symbiose accomplie à un film qui peut paraître compliqué de prime abord. Une réalisation remarquable pourvut d’un scénario qui n’en est pas moins, Nocturnal animals va franchir des frontières dans la création artistique, un amalgame de choses dont on avait oublié l’existence et pourtant si importantes dans un cinéma en perdition dans les abymes du « blockbusters » . Un vrai moment de névrose au pays des mots et des maux, un moment magique sur grand écran.
Nocturnal Animals - Bande-Annonce Officielle (VOST)
CHRISTIAN.
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