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Honor de cavalleria

Par Rob Gordon
Ils sont deux : Don Quichotte et son fidèle Sancho sillonnent les plaines au gré de leurs illuminations. Le vent souffle fort, les arbres remuent, le ciel est beau. Et après? Rien, évidemment. Albert Serra nous livre une version minimalistiquement minimaliste de l'épopée légendaire de Miguel Cervantès. Zéro moulin à vent, zéro autre personnage (ou si peu). Rien que deux hommes qui marchent, ne gaspillant guère leur salive, préférant s'appliquer à poser un pied devant l'autre.
Évidemment, Honor de cavalleria fait passer un film comme Gerry pour un film de Michael Bay : il ne s'y dit pas grand chose, il ne s'y passe quasiment rien (de dicible, en tout cas)... Pourtant, l'expérience n'est pas si extrême. Suffit de se laisser porter par une image assez belle et par un son renversant, et Honor de cavalleria devient une sorte de voyage initiatique, une aventure titanesque car foutrement longue, mais où la persévérance porte ses fruits. On se sent comme grandi de ne pas avoir quitté la salle comme ces explorateurs de pacotille qui font claquer leur siège au bout d'une demi-heure. Tout cela est-il bien cinématographique? Oui, pardi. Si l'on se gardera bien de proposer une analyse poussée du film et de son rapport avec l'ouvre initiale, on ne peut que louer ses mérites : on en sort comme lavé, essoré, repassé, prêt à aller s'enquiller tous les blockbusters de l'été, le cerveau net et les yeux en état, comme après deux longues heures assis dans un sauna. Oui, alors bon, certes, c'est souvent un peu chiant. Mais ce qui ne vous tue pas vous rendra sans doute plus fort.
6/10

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