Ça fait déjà quelques temps que les teintures naturelles m'intéressent et que je fais des tentatives à la maison avec des oignons, de la Garance ou du châtaignier... La tenture Indigo m'intriguait aussi mais me paraissait plus inaccessible, alors quand j'ai vu passer sur le site Coloretonmonde un stage de 2 jours pour découvrir cette technique, j'ai foncé !
Colore ton monde
Colore ton monde, c'est une association qui forme aux techniques de teintures naturelles pour le textile et la peinture. Elle propose des stages passionnants pour les amateurs et les pro, mais aussi des initiations lors de salons grand public comme Création et savoir-faire ou Aiguilles en Fête.
Premier jour du stage Indigo.
Nous sommes 5 stagiaires, tous venus d'horizons différents : il y a par exemple Murielle, qui a quitté Paris il y a quelques temps pour se consacrer à la cueillette et à la culture de plantes médicinales et tinctoriales dans le Sud Est, et aussi Frédérique, créatrice professionnelle de tricots, ou encore Paul, qui travaille pour l'instant dans un cabinet juridique et qui a des projets de reconversion : l'envie de découvrir la teinture à l'indigo nous a rassemblé !
Et c'est vrai qu'elle a quelque chose de magique, cette teinture à l'Indigo. On en parle avec respect et mystère, elle évoque un rite ancestral tant son utilisation est ancienne (plus de 4000 ans, ça en impose !) et partagée par de nombreux peuples. Et ses bleus uniques, clair ou plus profond fascinent.
Madame la cuve et ses humeurs
Plus Suzie, notre formatrice, nous raconte avec passion l'histoire de l'indigo, plus nous avons l'impression de rentrer dans un cercle fermé d'initiés...Elle nous livre le secret de la création d'une "cuve" d'Indigo et nous explique à quel point elle est vivante, fragile et ...sensible. C'est un peu comme si notre cuve avait ses propres humeurs, comme une personne, quoi... Nous allons d'ailleurs constater que chaque cuve réalisée est différente, qu'elles produisent des bleus différents et qu'elles s'épuisent plus ou moins vite.
Nous commençons par réaliser nos fameuses "cuves" dans des grands pots (vides, hein...les pots) de fromage blanc de 5kg, piqué chez le fromager. A la différence des autres teintures, l'Indigo permet de teindre sans chauffer, par trempages successifs , "les bains" et sans mordancer, c'est-à-dire sans préparer les fibres en amont avec un bain (d'alun généralement) qui fixera la couleur. Et la cuve, si elle est entretenue, réchauffée au moment de son utilisation, peut vivre plusieurs mois, voire même jusqu'à 2 ans (c'est Suzie qui le dit ;) ).
Dingues d'indigo
L'Indigo vient d'une plante qui s'appelle l'indigofera, cultivée dans les zones plutôt chaudes, en Inde ou en Afrique, et vous savez ce qui donne cette magnifique couleur bleue ? Non, ce ne sont pas les fleurs, mais les feuilles ! Elles contiennent une substance colorante très puissante. Un processus assez complexe, à base de macération dans l'eau puis d'oxygénation permet d'extraire cette substance, qui une fois sèche, peut être réduite en poudre. Problème, cette poudre est insoluble dans l'eau ! Il faut donc ruser et réaliser un mélange : du henné (pour le sucre), de la fleur de chaux (PH basique), la poudre d'indigo et de l'eau chaude. De la chimie donc, pour obtenir un Ph idéal pour la trempette de nos linges.
On touille notre cuve avec force et vigueur, une mousse bleuâtre aux reflets irisés apparaît alors, ce qui est bon signe ! Ensuite, on la laisse se reposer cette petite cuve, toute naissante et fragile qu'elle est.
Une fois reposée, nous commençons par faire un nuancier à partir de différents tissus (jersey de coton, étamine de laine, soie...) en multipliant les bains successifs. On trempe, on compte jusqu'à 30, on ressort le tissu, on le déplie pour l'oxyder, on rince et hop, on recommence...
La magie opère ! Le tissu une fois trempée dans la cuve ressort ...verdâtre, puis immédiatement après, sous l'effet de l'oxydation, devient bleu ! J'adore, il faut le voir pour le croire. Plus on multiplie les bains, plus le bleu est intense. Effet wahou garanti avec l'Indigo.
Shibori mon amour
Un des Shibori de Murielle réalisé avec des ronds en réserve.
Un shibori de Frédérique, réalisé avec des cercle de points.
Le reste du stage se déroule autour de la maîtrise de notre cuve _Madame a parfois besoin de souffler un peu, d'être un peu réchauffée, câlinée et touillée pour repartir_ et l'apprentissage de la technique du Shibori. Kesako ? C'est une technique de nouage, de pliage, et de couture qui permet de créer des réserves dans le tissu avant teinture. Une fois teint, on découvre (avec jubilation) son oeuvre en dépliant le tissu. Certaines zones protégées n'ont pas été teintes et c'est ça qui est beau ! Cette technique peut être très simple, comme très, très élaborée.Nous apprenons aussi à faire des zones de réserve avec de l'argile, ce qui permet de créer des motifs au tampon. De quoi expérimenter à l'infini ! Je crois que tout le monde finit très excité par le champ des possibles ouvert grâce à cette formation.
Et voilà, le stage se termine, chacun repart avec sa petite cuve bien refermée sous le bras, la tête pleine d'idées. La mienne est stockée quelque part sous l'évier de ma cuisine, je pense à elle de temps en temps, je l'imagine qui dort tranquillement. Et bientôt, je vais l'éveiller doucement, comme la belle (bleue) au bois dormant !
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