Magazine Société
En 1789, l'abolition des privilèges et l'égalité des citoyens "allait livrer la France aux gueux"
En 1884, la liberté syndicale allait ruiner l'industrie.
En 1936, les congés payés allaient anéantir l’économie.
En 1945, le vote des femmes allait soumettre la république au clergé.
En 1945 encore, la sécurité sociale était une "insurmontable utopie".
En 1968, l'augmentation généralisée de 10% allait ruiner le pays.
L'histoire a donné tort à tous ceux qui n’ont pas vu arriver le progrès social.
Nous voilà au pied d’une nouvelle marche vers le progrès. Allons-nous la manquer ?
La « valeur » travail.
La « légitimité » du travail a toujours été proclamée comme « une valeur incontestable» au cours de l’histoire. Pourtant… Est elle réellement une valeur ?
Les anciens faisaient faire le travail par leurs esclaves. Jusqu’à la Révolution, en Europe, les roturiers n’acquerraient « l’honneur » que par le travail, alors que les nobles le recevaient « par leur naissance ».
Après la Révolution, le travail est devenu un « devoir citoyen » pour tous, même si, à cet égard comme à bien d’autres, l’égalité citoyenne est restée une notion quelque peu abstraite.
La technologie accomplit maintenant automatiquement des tâches de plus en plus complexes, et supprime inexorablement des postes de travail de plus en plus nombreux.
Le statut d’employeur, dans son « rôle social » devrait donc aussi évoluer à travers cette modernisation.
Le « créateur d’emploi » n’a de cesse de s’entourer de processus aussi mécanisés et automatiques que possible pour se passer d’un maximum de travailleurs.
Mais s’il s’attribue personnellement l’économie ainsi réalisée, il ne remplit plus son « rôle social » de « pourvoyeur d’emploi », et son activité, en tant que « propriétaire exploitant de machines » se rapproche de ce qu’était jadis celle du propriétaire d’esclaves.
Les « travailleurs », devenus chômeurs, sont donc privés du « fruit de leur travail », et le bénéfice du dit travail ne leur revient plus mais entre directement dans la poche du propriétaire des machines.
La fracture entre les deux mondes est déjà ouverte, elle ira en s’élargissant jusqu’à l’insurrection si on ne fait rien.
Le risque de ne rien faire :
L’humanité se dirige donc à grands pas vers une crise sociale majeure si une partie grandissante du peuple ne profite plus de l’enrichissement global. Nombreux sont les auteurs de science-fiction qui, plus utopistes, ont décrit une heureuse société de loisirs où le peuple profite du travail des machines.
Il faut donc envisager la notion de « salaire des machines », que les entrepreneurs ne manqueront pas de qualifier de « vol d’investissements », qui doit être redistribuée de manière équitable à tout le monde.
Le revenu universel s’autofinance.
L’argument qui consiste à dire qu’on ne peut pas donner 600€ par mois à cinquante millions de Français est soit une caricature malveillante, soit la démonstration d’une incompréhension du système. Il n’est pas question de distribuer une manne à TOUS les Français, et notamment à ceux qui n’en ont pas besoin et à qui l’état reprendrait le cadeau aussi sec par l’impôt sur le revenu.
On vise les catégories qui ont du mal à s’intégrer dans le monde du travail, à suivre des formations, à se loger, se chauffer, et autres droits fondamentaux du citoyen.
Aucun ce ces bénéficiaires ne possédant de comptes en Suisse, cet argent sera immédiatement redépensé et reviendra de toute manière très vite aux entreprises.
D’où l’erreur qui consistait à faire des cadeaux sans contrepartie aux entreprises, alors qu’avec la même somme et simplement en la faisant tourner plus vite, on pouvait enrichir successivement le citoyen et son fournisseur, et par là même relancer la consommation.
D’ailleurs, les économistes modernes ne s’y trompent pas.
Bon, alors, on le prend, le train du progrès, ou on reste sur le quai ?