[Critique] L’ASCENSION

Par Onrembobine @OnRembobinefr

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Note:

Origine : France
Réalisateur : Ludovic Bernard
Distribution : Ahmed Sylla, Alice Belaïdi, Kevin Razy, Nicolas Wanczycki, Waly Dia, Fadila Belkebla, Denis Mpunga, Maïmouna Gueye…
Genre : Comédie
Date de sortie : 25 janvier 2017

Le Pitch :
À la Courneuve, où il vit avec ses parents, Samy tourne en rond. Amoureux depuis toujours de Nadia, une amie d’enfance, il se décide à lui déclarer sa flamme mais se heurte à la méfiance de la jeune fille. Sans travail ni perspective d’avenir particulière, Samy décide alors, sur un coup de tête, d’entreprendre l’ascension du Mont Everest afin de démontrer à sa belle son amour, mais aussi afin de prouver à tout le monde qu’il n’est pas l’incapable que beaucoup voient en lui.
C’est ainsi qu’il débarque au Népal, sans préparation ni entraînement particulier, pour accomplir l’exploit de toute une vie. Histoire vraie…

La Critique de L’Ascension :

Nouvelle sensation du stand-up à la française, Ahmed Sylla n’a pas tardé à séduire le cinéma et à se retrouver à la tête d’un film. Un acteur certes vu dans Goal Of The Dead, et à la télévision, qui écope ainsi d’un premier vrai grand rôle dans une production qui se repose quasi-exclusivement sur ses épaules et à laquelle il offre tout son bagout.

Rendez-vous sur le toit du monde

Première réalisation de Ludovic Bernard, l’ancien assistant-réalisateur de Luc Besson, Guillaume Canet et Mathieu Kassovitz, L’Ascension s’inspire d’une histoire vraie, à savoir celle de Nadir Dendoune, qui a bel et bien escaladé l’Everest sans aucune expérience. Une histoire incroyable racontée dans son livre, Un Tocard sur le Toit du Monde, dont le potentiel cinématographique a vite paru évident au metteur en scène et à l’équipe de production.
Nous voici donc en face d’un feel good movie porté par des valeurs universelles comme le dépassement de soi et l’amour. Quoi de mieux que le récit d’un type que tout le monde donne perdant et qui au final, parvient à changer le cours de son existence, au nom de ce que lui dicte son cœur ? Rappelant les cadors américains du genre, L’Ascension ne cherche pas nécessairement à aller à l’encontre des clichés inhérents à l’exercice. Au contraire.
Mais si il adopte par contre la dynamique de plusieurs films américains, il parvient, contrairement à beaucoup de copies françaises de best-sellers yankees, à imposer sa propre tonalité, qui favorise l’épanouissement d’une belle émotion.
Surtout qu’en l’occurrence, le mec derrière l’objectif a aussi apporté suffisamment de soin à l’habillage. L’Ascension est un film dépaysant. On passe des HLM de la banlieue parisienne aux sommets de l’Himalaya en un clin d’œil et tout fonctionne à merveille. Sans être révolutionnaire, la réalisation fait le job avec une bonne volonté manifeste et ne cesse de créer des parallèles entre les deux univers. Celui d’où vient le héros et celui où il se trouve désormais, face au plus grand défi de sa vie. Filmé en majeure partie sur le Mont Blanc, mais aussi au Népal, L’Ascension rend justice aux sublimes paysages qui ont accueilli son équipe et nous offre des panoramas qui plus est parfaits pour là encore, favoriser l’éclosion d’un souffle dont ce genre de film ne peut de toute façon pas se passer.

I Love Everest

Ludovic Bernard et Ahmed Sylla profitent de cette belle histoire pour mixer un peu les genres. Aventure, love story et comédie. Voilà de quel bois est fait L’Ascension. Et forcément, vu que c’est un comique qui est au premier plan, c’est de la comédie qu’on attend le plus. Au début du moins, avant de s’apercevoir que si le film fait régulièrement sourire, voire rire franchement deux ou trois fois, ce n’est pas là qu’il réussit le mieux à convaincre. Certaines vannes sentent un peu le réchauffé et on sent Ahmed Sylla partagé entre le désir d’y aller franchement dans l’humour ou de rester plutôt dans un registre plus mesuré. Un comédien inspiré vu que ce n’est pas quand il cherche à nous faire rire qu’il nous touche, mais bien quand il laisse parler des émotions plus contenues. Quand le personnage évoque sa famille par exemple ou Nadia, l’amour de sa vie, qui suit ses aventures depuis la grande surface dans laquelle elle bosse. Ahmed Sylla gagne ses gallons d’acteur, non pas quand il fait la même chose que sur scène lors de ses spectacles, mais plutôt quand il tente et explore la face cachée de son rôle. Touchant, il encourage ainsi l’identification et fait passer une somme d’émotions amenées à toucher au vif lors du final. On ne saurait que féliciter l’acteur pour avoir évité de céder aux sirènes de la bouffonnerie. Si L’Ascension est si bon, c’est tout spécialement grâce à lui.
À tel point d’ailleurs, qu’il ne reste pas vraiment de place pour les autres. Alice Belaïdi tout particulièrement, est très bien, mais finalement, son rôle se limite à celui de la fille qui attend en se faisant du soucis. Un peu comme Keira Knightley dans le récent Everest
Tout est centralisé sur un seul personnage et c’est presque logiquement, sans autre alternative, que celui-ci attire toute l’attention. On peut le déplorer et s’arrêter là, ou simplement profiter de ce que le long-métrage a à nous offrir. Une vibrante aventure sur le toit du monde en compagnie d’un gars attachant, qui fait certes rire, mais qui s’avère surtout aussi galvanisante qu’émouvante.

En Bref…
Véritable feel good movie, L’Ascension ne cède pas aux clichés de la comédie française franchouillarde mais s’efforce davantage de coller à un modèle anglo-saxon ayant fait ses preuves. Et ça fonctionne. Sans sacrifier son identité, sans cynisme, le film est aussi galvanisant que bienveillant. Une vraie bouffée d’air frais, en compagnie d’un acteur touchant à plus d’un titre, qu’il convient de qualifier de révélation.
Une vraie bonne comédie française ! C’est plutôt rare non ?

@ Gilles Rolland

  Crédits photos : Mars Films