La Marina, d'Anne-Frédérique Rochat, au Théâtre 2.21, à Lausanne

Publié le 24 janvier 2017 par Francisrichard @francisrichard

Ce soir a lieu la première de La Marina, pièce décapante d'Anne-Frédérique Rochat, qui fait rire pourtant, par moments, bien que le propos en soit plutôt triste et sombre, grâce au rythme du texte et à la mise en scène d'Olivier Périat, qui souligne toute la force comique des travers humains qui y sont grossis à la loupe. 

Le titre, comme l'affiche, évoque une résidence sur l'eau avec bateaux amarrés par des cordages à des pontons. Eh bien, la Marina serait peut-être bien plutôt une personne et non pas un piège à toutous. Peut-être. Parce que, si personne il y a, elle n'apparaît jamais, comme l'Arlésienne, mais on parle toujours d'elle.

On? Ce sont les quatre membres d'une famille composée de maman (Carine Barbey), de papa (Pierre Spuhler), de soeurette (Anne-Frédérique Rochat) et de frérot (Joël Maillard). L'harmonie semble y régner jusqu'à ce que, par une nuit d'orage, survienne une panne d'électricité, plongeant la maison dans le noir...

Dans le noir, papa et maman transportent une personne trempée dans leur chambre à coucher. C'est la Marina, dont tous les membres de la famille, hormis soeurette, vont chercher à s'attirer les bonnes grâces. Car la Marina a un don et c'est quelqu'un: elle est passée à la télévision... C'est dire l'importance qu'elle a.

En fait l'intrusion de la Marina dans la famille va en détruire l'harmonie de façade et servir de révélateur: papa voudrait séduire l'intruse, maman voudrait s'en occuper parce que c'est une célébrité, frérot voudrait faire la connaissance d'une femme, au sens biblique, parce qu'il a passé l'âge de faire joujou avec soeurette...

Chacun poursuit donc un but différent. Les conventions finissent alors par éclater, comme un vernis, ce qui se traduit par des éclats de voix. Seule soeurette aimerait bien que tout redevienne comme avant et que la Marina ne soit jamais venue chez eux. Mais elle est bien la seule à le penser et à en tirer cette conclusion:

Quitte à être seule, autant ne pas faire semblant.

La famille se disloque. Les non-dits, jusque-là gardés par devers soi, se disent. Les tempêtes succèdent aux accalmies, qui de toute façon ne sont que de courte durée. La Marina ranime les libidos, favorise la séparation de ceux qui étaient unis. Finalement ne reste que des figurines, minuscules, ridicules... et de l'écume.

Et le public comprend mieux dès lors l'accoutrement des personnages: tous sont chaussés de bottes pour patauger, vêtus de caleçons parce ce qui se passe en-dessous de la ceinture prend le dessus et de sages chemises sous pulls, à l'exception de maman dont la poitrine est libre dans l'échancrure de son corsage...

Francis Richard

Prochaines représentations:

Du 25 janvier 2016 au 5 février 2016

Les mardis et vendredi à 20h30

Les mercredis, jeudis et samedis à 19h

Les dimanches à 18h

Adresse:

Théâtre 2.21

Rue de l'Industrie 10

1005 Lausanne

Réservation:

Tél.: 021 311 65 40

https://www.theatre221.ch/