Une nouvelle mode liée à la mouvance écolo actuelle et popularisée par Béa Johnson vise à ce que chacun réduise ses déchets au minimum. Ne me dites rien : on vous a offert le bouquin à Noël ?
Béa Johnson est une femme française vivant aux États Unis et qui s'est découvert une passion pour une vie exempte de déchets, considérant que cela permettait d'améliorer la vie « en étant plus écolo » et non le contraire : comprenez mon regret.
Tout d'abord, le sous-titre racoleur : « Comment j'ai réalisé 40% d'économie en réduisant mes déchets à moins de 1 litre par an ! ». Il est vrai que Béa part d'un mode de vie assez particulier vue de la France : maison de 280m², un 4x4 pick up, shopping à tous les coins de rue, vie qu'elle décrit elle-même comme pleine de gaspillage. Je pense que la réduction de déchets n'a rien à voir dans ses 40% d'économie. Le jour où elle économisera 40% d'argent sur un RSA, on en reparlera.
Il est évident que la gabegie d'emballages utilisés devrait amener chacun à réfléchir à sa façon d'acheter. En l'occurrence, cette femme vend un livre où elle raconte son expérience. Elle semble battre son record en atteignant seulement 1 petit bocal de déchets chaque année. C'est admirable. Cela demande des efforts importants pour en arriver là. Ce sont évidemment les derniers grammes qui sont les plus difficiles à atteindre.
J'aime cette façon de présenter les choses, car elle sensibilise vraiment au problème des déchets. Cette seule observation suffit à en justifier pleinement la démarche et je la cautionne.
Toutefois, je reste sur ma faim. D'une part, elle raconte quelques inepties (j'y reviendrai), et d'autre part, je m'interroge sur la finalité de son action. Car si elle aborde l'argument écologique, cela n'est pas son objectif. Elle est contente d'évoluer dans un environnement dépouillé, de retrouver le sens de certains gestes, mais semble justifier seulement après coup cette action : « c'est moins cher, c'est écolo, ça sauve des enfants dans le monde »... seulement quand les argument vont dans son sens.
Aussi n'hésite-t-elle pas à proposer la vasectomie pour éviter de jeter des préservatif, elle préfère les factures par e-mail (énergivores) aux tickets de caisse, donne des conseils de grand-mère parfois douteux pour éviter d'acheter des médicaments, et préfère l'aluminium au plastique (car elle n'aime pas le plastique). J'aurais tant aimé qu'elle suggère de pisser dans le jardin pour économiser l'eau...
Je regrette aussi vraiment que son livre ne soit agrémenté d'absolument aucun chiffre sur les déchets, en fonction de leur nature, dans le monde, dans le temps. Et notamment, sur l'impact écologique précis des poubelles. Mais elle ne semble pas portée par un idéal écologique.
Cela ne remet bien sûr pas en question l'idée générale que moins de déchets est un bénéfice écologique, mais il faut le comparer à d'autres actions.
Je vous suggère donc de ne pas prendre au pied de la lettre tout ce qu'elle écrit. Car aujourd'hui, son activité principale, c'est de vendre cette bonne parole en traversant le monde en avion.
Les chiffres sont formels, un pauvre est cent fois plus écolo qu'une Béa. J'aurais dû me méfier en voyant qu'elle parlait de développement durable...