Le bonheur est dans le pré et dans le verre !
Le jeu de mots pourrait faire penser que le poète parisien est la figure totémique de ce restaurant à deux pas du musée Cluny. Point du tout. L’écrivain n’a jamais posé son auguste fessier sur une des chaises de cet estaminet qui joue profil bas vu de l’extérieur malgré une agréable terrasse sur trottoir aux beaux jours. Changement d’ambiance dès la porte poussée : une vaste salle en deux parties, une autre au sous-sol, un petit bar en entrant pour siroter un verre choisi parmi l’excellente sélection du patron Jean-François Paris, des murs colorés, ornés de citations et de dessins inspirés par le Paris soixante-huitard. Confort simple, tables serrées, serviettes en papier, du monde, joyeux, de tous âges et de tous styles, attirés ou fidèles du lieu pour se régaler d’une très bonne cuisine du chef Jonathan Michel à des prix d’une extrême douceur au vu de la qualité des produits et du travail sur les assiettes.
Car le chef a du talent. Il le montre d’abord à travers une ardoise riche, variée, furieusement appétissante et aux idées originales. Des plats de bistrot certes mais on perçoit déjà une personnalité aux fourneaux qui veut aller au-delà. Il est clair que l’on ne vient pas ici pour faire semblant de manger ou si on a 42 allergies différentes répertoriées.
L’amuse-bouche ouvre la porte des plaisirs et la clé pour comprendre le style du chef, c’est dire s’il est réussi : Velouté de topinambour en verrine, rugueux mais doux, fameux et savoureux, parfait.
Hure de cochon bien faite et une purée de dattes au vinaigre à ses côtés en joli contrepoint. Un classique de la maison et on est content de retrouver ce plat finalement assez rare.
Remarquable, sinon plus, Soupe de lentilles corail, mousse de daïkon (radis japonais doux), lard de Colonnata, en finesse et en douceur, parfumée, et au mariage de saveurs très réussi.
Autre « monument » de la carte, le Cochon de lait fondant (c’est vrai !), aux épices douces, (vrai aussi !). La belle pièce de cochon, posée sur un lit de feuilles croquantes de chou vert, baigne joyeusement dans une sauce crémée, subtilement relevée aux épices en un plat riche, généreux, et pour le moins goûteux. Une réussite et une preuve du travail méticuleux du chef qui soigne autant les goûts que les couleurs dans ces belles présentations d’assiette.
On trouve aussi sur l’ardoise, qui change assez régulièrement, du canard sauvage à la purée de panais, un ragoût d’agneau aux petits légumes, et des noix de Saint-Jacques à la purée de topinambours. En prime, un menu du jour avec entrée, plat, ou plat, dessert à 14,90 € positivement hallucinant par la qualité et le généreux des assiettes. De quoi se régaler…
Desserts tout aussi soignés et particulièrement le Dôme à l’ananas, frais et fin, sans oublier un Gâteau basque un peu « punk », une Tarte à la poire pochée trop sèche pour être honnête, un Gâteau au chocolat acceptable et des glaces recommandables.
Le patron aime le vin. Son choix est intéressant pour des découvertes toujours à des prix doux. L’accueil est plus qu’amical, le service d’une gentillesse à toute épreuve et c’est peu de dire que l’on se sent bien dans ce restaurant tant pour l’ambiance que pour la qualité de la cuisine.
8, rue Thénard75005 Paris
Tél : 01 43 54 59 47
www.lepreverre.com
M° : Cluny La Sorbonne – Maubert Mutualité
Fermé dimanche et lundi
Formule : 14,90 € (2 plats)
Carte : 40 € environ