Christian de Metter est un auteur plutôt porté sur le polar et les ambiances angoissantes.Dire qu’il a été repéré dés 2000 avec son premier titre Emma, paru en trois tomes chez Triskel me semble juste, tant l’univers peint était déjà particulier et personnel. D’abord le dessin de l’auteur, à la forme peinte aquarellée, très proche de ce que pouvait alors montrer de grands auteurs anglo saxons comme Bill Sienkiewicz, ou Scott Hampton. Assez rare par chez nous pour provoquer l’intérêt. Il enchaîne des 2002 avec Dusk, sur scénario de Marazano puis publie régulièrement, toujours avec cette patte si particulière et oppressante. L’adaptation en 2008 chez Casterman de Shutter island, roman de Dennis Lehane paru en 2003, le propulse sous les projecteurs. Mais c’est aussi « Rouge comme le ciel », un western crépusculaire paru chez le même éditeur en 2014 qui le sacre comme un auteur et dessinateur incontournable.Ce nouvel album réalisé seul, est en fait une nouvelle série, qui comptera quatre volumes.
L’auteur, qui se base sur des dossiers déclassé américains réels, conte l’histoire d’un homme barbu de 57 ans, plutôt costaud, partiellement tatoué, qui en 2007, est arrêté dans le Montana pour un crime de sang particulièrement violent, qu’il s’accuse d’avoir commis.
On rentre avec envie dans ce premier tome, d’autant plus que le plaisir du dessin si particulier de l'auteur est toujours là, bien que peut-être un peu plus recentré, moins en effet de peinture peut-être... Le scénario, qui nous transporte dans la fin des années soixante américaines permet d’aborder avec intelligence les mouvements politiques d’alors et la complexité des réseaux, à la fois anarchistes et gouvernementaux. Le jeune homme, utilisé par le FBI, va être amener à trahir ses amis, et on se doute que celui-ci ne va pas en sortir gagnant.
Le côté dramatique du récit est très bien mené, le tome s’achevant sur la fin de ce premier entretien en prison, qui nous aura déjà beaucoup appris.Un bon album, présageant d'une série efficace et intéressante.