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Comprendre les propositions sur le revenu universel

Publié le 23 janvier 2017 par David Marchesson

Depuis quelques semaines nous essayons de comprendre ce qu’est le revenu universel. Fixé entre 500 et 800 euros selon les projets, ce revenu pourrait s’ajouter à certaines allocations, ou simplement les remplacer. A force d’entendre tout est son contraire, j’ai voulu me faire une opinion.

Un peu d’histoire

A première vue on a l’impression que l’idée d’un revenu de base ou allocation universelle est récente mais il n’en est rien. En effet elle a germé au XVIe siècle, dans le mouvement humaniste de la Renaissance avec l’œuvre L’Utopie de Thomas More, publié en 1516. Il imagine un merveilleux endroit où règne une société sans vol, sans misère et sans impôt. L’oisiveté y serait proscrite, chacun travaillerait 6 heures par jour, et tout le monde aurait l’assurance de manger et de subvenir à ses besoins.
Ensuite au XXe siècle, cette idée de revenu de base est reprise par des philosophes et théoriciens. Dans les années 1970, Michel Foucault remet le dossier sur la table afin dit-il de « libérer les individus du contrôle permanent de l’Etat ».

L’idée du revenu universel n’est ni de droite, ni de gauche. Le Mouvement français pour le revenu de base le définit comme « un droit inaliénable, inconditionnel », versé « de la naissance à la mort », de manière individuelle, indépendamment de la situation familiale et financière du bénéficiaire et « cumulable avec d’autres revenus ».

Ailleurs, qu’en est-il du revenu universel ?

En Suisse, les électeurs ont rejeté à une très grande majorité le projet de création d’un revenu universel pour tous, salariés comme sans emploi. Mais en ce qui concerne la Finlande ou les Pays Bas, où l’on expérimente le revenu universel, il est présenté comme une mesure d’aide au retour à l’emploi. C’est une thématique qui a le vent en poupe puisque des initiatives sont mises en place auprès de personnes à la recherche d’un emploi.
En Allemagne des internautes ont créé un site Mein Grundeinkommen qui permet de faire du crowdfounding afin de donner un revenu de 1000 euros par mois à un membre tiré au sort, sur une durée de 12 mois. Il s’agit avant tout de faire germer cette idée en la testant de suite. Et Christoph, 26 ans, fut l’un des premiers gagnants, le site raconte que « Grâce au revenu universel, il a démissionné de son job dans un callcenter et va devenir éducateur ». A ce jour 73 personnes ont gagné à la loterie, cela permettra d’enrichir une base intéressante de témoignages afin de convaincre les plus réticents.
Dans Silicon Valley on teste également le revenu de base et certains entrepreneurs comme Elon Musk ont pris position en faveur de la mise en place future de ce revenu.

Pour aller à l’essentiel

Voici un la première vidéo d’Olivier Le Naire (journaliste et ancien rédacteur en chef adjoint à l’Express), et de sa fille Clémentine Lebon (ingénieure agronome). Dans ce parcours de 3 vidéos d’environ 8 minutes chacune, ils nous aident à décoder le revenu de base.

Vous pouvez retrouver toutes les vidéos ainsi qu’une explication sur le site des colibris.

Comment financer le revenu de base ?

Cette question est cruciale car on parle de centaines de milliards d’euros (entre 300 et 600 pour la fourchette large) pour pouvoir financer ce projet. Dans un article publié sur son blog Alternative 21, Guy Valette aborde les coûts réels qu’engendrerait l’instauration d’un revenu universel de 750 € par personne et par mois. C’est 65 millions x 750 x 12 = 585 milliards d’euros pour un revenu universel de 750€ par personne et par mois. Oui cela représente presque deux fois le budget de l’État.
Le revenu universel serait en parti payé par nos impôts, d’une façon simple on pourrait dire : « Je perçois le revenu de base ET je contribue à son financement en fonction de mes revenus d’activité et de mon patrimoine ». Ainsi le coût individuel est : Coût = Revenu Universel – Contribution individuelle. Ensuite selon la situation de chaque citoyen il peut être positif, négatif ou nul suivant. Les ménages français qui payent l’impôt sur le revenu paieront sûrement plus car leurs revenus augmenteront.
L’une des autres pistes à l’étude consiste à faire en sorte que les entreprises qui utilisent des robots (machines ou des intelligences artificielles) paient des cotisations sociales supplémentaires. Tout dirigeant de société souhaite optimiser et bénéficier de gains de productivité et aujourd’hui cela passent malheureusement par des investissements considérables dans la robotisation et donc le remplacement de travailleurs.

Mon avis n’engage que moi

D’un manière générale je trouve le mode de redistribution de ce revenu plus simple et plus efficace que le système actuel et contribue à la transformation de la société. Il n’est pas dénué de sens, bien au contraire.

Je vous invite à lire cet article de l’Obs sur le travail de décortication des discours politiques de Cécile Alduy. Vous comprendrez pourquoi c’est si difficile de faire la différence entre les discours et les idées des partis et les hommes/femmes qui les représentent.

Pour revenir à la création du revenu de base, Thomas More imaginait une île où chacun serait assuré des moyens de sa subsistance sans avoir à dépendre de son travail. Pour certains ce revenu c’est l’éloge de la paresse, un mirage, une illusion utopiste, je le vois avant tout comme un instrument de lutte contre l’exclusion et la précarité. L’automatisation croissante et le développement de l’IA nécessitera tôt ou tard de mettre un revenu de base universel car les emplois vont se raréfier. Les progrès technologiques vont détruire les emplois traditionnels. Je ne parle pas seulement des caissières mais également des avocats (ici, ), des comptables (ici là), des auto-écoles (ici), les « pervenches » (ici), et tant d’autres. Donc à mon humble avis, il serait bien, pour une fois, afin de ne pas prendre 10 ans de retard et de tester ce revenu de base sur une population de 1000 citoyens et d’en tirer ensuite toutes les conclusions.


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