La destruction des traces du passé par Daesh n'est assurément pas un acte nouveau dans l'histoire de la pensée religieuse. Toutes les religions monothéistes sont bâties sur le principe de l'éradication du passé pour mettre en avant la préséance apologétique de leur Dieu unique . J'en veux pour exemple au regard des destructions actuelles de Palmyre par la barbarie islamiste de Daesh celle entamée des l'année 326 quand le temple d'Esculape d'Aigeai en Cilicie ( actuelle Turquie ) fut détruit sur ordre d'un évêque local. Et encore ces exemples en Gaule avec le temple de Belenos à Bayeux anéanti en 330. Et en 356 c'est l'ordre donné de détruire tous les temples de l'Empire. Temples détruits pour que les sur les ruines s'établissent les nouvelles églises qui effaceront toutes les dernières traces d'un culte antérieur jugé inacceptable, erroné par les tenants de la nouvelle religion. Bel exemple exactement de la mission pastorale du bon Saint Martin qui aboutit à la destruction, dévastation d'un nombre incalculable de sites gaulois et d'assassinats des prêtres païens et des fidèles qui les accompagnaient. Saint Martin " purifiait " ces sites en déclenchant criminellement de gigantesques incendies de forêts pour détruire les sites arboricoles des gaulois. Un incendiaire hors pair qui fit périr dans les flammes des milliers de croyants païens.
Et comme un clin d'œil à notre actualité syrienne comment ne pas rappeler la destruction des sites d'Apamee et de Palmyre. Je veux aussi signaler dans cette énumération de crimes celui en 391 qui détruisit le temple de Serapis à Alexandrie. Temple détruit de fond en comble par le chef de horde Cyrille qui sera sanctifié et élevé même Père de l'Eglise au 19 eme siècle et montrées en exemple de piété et de bonté par le pape Ratzinger! Ce même Cyrille qui organisa l'assassinat de la grande mathématicienne Hypathie. Crime odieux d'une horde chrétienne inculte chassant les intellectuels païens pour les lettre à mort. Crimes de masse également.
Alors aujourd'hui je suis circonspect devant les indignations du Vatican sur les crimes odieux dont se rend coupable l'organisation islamiste Daesh. Nous assistons au renouvellement d'un rituel assassin pour asseoir la prépondérance et la justesse de son dogme sur ceux qui résisteraient à y croire. Décidément il y aura toujours des Palmyre ou des lieux à détruire pour que l'obscurantisme installe son pouvoir mortifère. Je voudrais évoquer à la lumiere des événements qui de part le monde de Washington au Proche-Orient nous éveillent sur les difficultés de la condition des femmes en 2017 évoquer la disparition tragique d'Hypatie qui elle aussi intervient dans un contexte politique troublé : le patriarche de la ville, Cyrille, ne cache pas sa volonté de soumettre les autorités publiques au magistère religieux chrétien. Le préfet, Oreste, résiste tant bien que mal. Hypatie est une de ses proches, et peut-être une conseillère. Hypatie, femme, philosophe, scientifique et mathématicienne, reconnue pour ses qualités intellectuelles et son attitude tolérante, devint la cible de Cyrille, probable commanditaire de son assassinat par un groupe d'hommes surexcités, auxquels on affirma que la savante pratiquait la sorcellerie. L'auteur fait remarquer que les Églises catholiques comme orthodoxes n'ont pas hésité à canoniser Cyrille. En 2007, le pape Benoît XVI rappelait les mérites du patriarche alexandrin : " ...pas un mot ne fut prononcé sur son comportement violent et brutal, ni sur ses exactions envers les juifs, ni non plus sur les évènements tragiques qui conduisirent à l'assassinat d'Hypatie, sans doute par peur que ses " mérites " douteux ne viennent ternir la sainteté de Cyrille. " Hypatie n'était pas athée. Mais son attitude de tolérance vis-à-vis des convictions différentes des siennes, sa recherche de la connaissance scientifique, permettent de la situer, pour son époque, comme une penseuse libre, incontestablement victime de l'intolérance religieuse et son meurtre nous interroge sur les forces obscures qui tendent à faire prévaloir leurs dogmes sur la Raison.