Avec Vangelo Pipo Delbono continue de « dramaturgiser » sa vie, de construire son étonnante autofiction théâtrale (jusque dans la maladie), de développer et d’amplifier le mystère de la vie et la lutte contre le pouvoir destructeur et la bêtise des hommes.
Jésus ? Un beautiful loser selon lui, qu’il faut prendre par la main comme les autres blessés de la vie. Contrairement à sa mère catholique avec qui il dispute sur son lit de mort des méfaits de la compassion, de la liberté sexuelle (on se souvient de sa bouleversante agonie présentée au café Rouge à Paris il y a quelques années
Vangelo questionne le parcours d’un homme … et prolonge d’une certaine façon la vie de la mère de l’auteur
Mais que de questions, de troubles : Pipo rappelle quelques épisodes brulants de la l’Evangile,la défense de la femme adultère, s’interroge « mais pourquoi la foule a-t-elle choisi Barrabas ?
Comme Bobo son double connu dans un sordide hôpital psychiatrique et dont serait bien en peine de savoir qui a sauvé l’autre. Pipo continue de lancer au monde qui va mal l’image symbolique d’un homme qui prend la main d’un autre.. Et c’est dans notre monde qui va mal qu’elle résonne avec le plus de force. Pipo est un artiste d’une incroyable liberté. Qui assume sa liberté aujourd’hui . Ce n’est pas l’amour physique qu’il aime c’est la danse , la musique , l’amour lui-même. Dans les années hippies qu’il n’a pas vécues mais dont il a hérité (il est né en 1959) l’idéal n’était pas de faire l’amour avec tout le monde, mais pour lui d’aimer l’amour. Il a quelque chose de christique Delbono mais un christ sans la compassion, un christ libre, paumé, humain qui prend aujourd’hui, un migrant par la main dans une danse nietzchéenne , célébrante.
Vangelo une fois de plus, parle au cœur et l’émotion distillée par l’auteur d’Orchidées n’est pas feinte.