Un livre peut-il changer le monde?Parmi ceux qui vous viennent à l’esprit, combien sont des œuvres de fiction ?1984? Formidable récit visionnaire, mais qui n’offre finalement qu’une grille de lecture (d’autant plus terrifiante qu’elle continue de s’appliquer) à la société qui nous entoure.Le meilleur des mondes ? J’aurai la même réserve.Les seuls livres qui ont véritablement pesé sur la société humaine ne sont pas de livres de fictions ; Il s’agissait de textes sacrés ou de manifestes idéologiques ou politique.Pourtant, chaque règle possède son exception. C’est ce que m’a rappelé cet article de Titiou Lecoq.Il existe un roman qui a modifié de manière durable la société : La Jungle d’Upton Sinclair, publié en 1905.Upton Sinclair reste un auteur méconnu en francophonie. On peut le considérer comme un héritier de Jack London et d’Emile Zola. De son oeuvre abondante, je ne connaît actuellement que 2 romans disponibles en français.:Outre La Jungle, il s’agit de Pétrole!, qui a en partie inspiré There will be Blood, le film de Paul Thomas Anderson et qui explique sans doute sa réédition. Cette grande fresque sur l’exploitation pétrolière est d’ailleurs un roman très prenant, qui frappe par la manière dont l’auteur n’hésite pas à tenir des discours très engagé politiquement, même s’il me semble qu’il prend la précaution de préciser explicitement qu’il n’est pas communiste (le roman paraît en 1927, l’anti-communisme et les attaques contre les syndicats sont déjà bien présentes).C’est ensuite par hasard que je découvris La Jungle. En fait, je suis tombé sur une adaptation en bande dessinée réalisée par Peter Kuper. J’apprécie beaucoup cet auteur, à qui on doit quelques adaptations de Kafka, mais surtout Le système, une satire sociale double d’une poursuite échevelée qui évoque Lynd Ward, et Eye of the Beholder, une série de puzzle visuels basée sur le principe de la mini-épiphanie. Chaque histoire se compose d’une page qui expose une situation en 4 cases avant que la page suivante ne propose une vue d’ensemble qui apporte un contrepoint souvent impertinent ou provocateur.Peter Kuper est un collaborateur régulier du New Yorker et proche du collectif WWIII Illustrated avec Eric Drooker. Son adaptation de La jungle est un travail de commande pour la collection de classics illustrated. Si le choix du roman est audacieux, le cahier des charges a empêché Kuper de faire justice au roman de Upton Sinclair. Son travail se rapproche plus d’une résumé illustré que d’une véritable adaptation, malgré de réelles qualités. Son approche graphique et quelques composition audacieuses ne peuvent faire oublier le côté très scolaire de l’adaptation ainsi que le côté parfois prude de l’ensemble. Il y avait pourtant matière à une belle adaptation. Malgré tout, et sans doute est-ce le but plus ou moins assumé de ce genre de publication: attiser la curiosité du lecteur et le pousser vers la source (ce qui est le signe d’une bien piètre image de la bande dessinée, tout-à-fait capable de proposer de varies adaptations riches et puissantes, comme Ibicus par Rabaté ou la relecture de Cité de Verre par Mazzucchelli).
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Un livre peut-il changer le monde?Parmi ceux qui vous viennent à l’esprit, combien sont des œuvres de fiction ?1984? Formidable récit visionnaire, mais qui n’offre finalement qu’une grille de lecture (d’autant plus terrifiante qu’elle continue de s’appliquer) à la société qui nous entoure.Le meilleur des mondes ? J’aurai la même réserve.Les seuls livres qui ont véritablement pesé sur la société humaine ne sont pas de livres de fictions ; Il s’agissait de textes sacrés ou de manifestes idéologiques ou politique.Pourtant, chaque règle possède son exception. C’est ce que m’a rappelé cet article de Titiou Lecoq.Il existe un roman qui a modifié de manière durable la société : La Jungle d’Upton Sinclair, publié en 1905.Upton Sinclair reste un auteur méconnu en francophonie. On peut le considérer comme un héritier de Jack London et d’Emile Zola. De son oeuvre abondante, je ne connaît actuellement que 2 romans disponibles en français.:Outre La Jungle, il s’agit de Pétrole!, qui a en partie inspiré There will be Blood, le film de Paul Thomas Anderson et qui explique sans doute sa réédition. Cette grande fresque sur l’exploitation pétrolière est d’ailleurs un roman très prenant, qui frappe par la manière dont l’auteur n’hésite pas à tenir des discours très engagé politiquement, même s’il me semble qu’il prend la précaution de préciser explicitement qu’il n’est pas communiste (le roman paraît en 1927, l’anti-communisme et les attaques contre les syndicats sont déjà bien présentes).C’est ensuite par hasard que je découvris La Jungle. En fait, je suis tombé sur une adaptation en bande dessinée réalisée par Peter Kuper. J’apprécie beaucoup cet auteur, à qui on doit quelques adaptations de Kafka, mais surtout Le système, une satire sociale double d’une poursuite échevelée qui évoque Lynd Ward, et Eye of the Beholder, une série de puzzle visuels basée sur le principe de la mini-épiphanie. Chaque histoire se compose d’une page qui expose une situation en 4 cases avant que la page suivante ne propose une vue d’ensemble qui apporte un contrepoint souvent impertinent ou provocateur.Peter Kuper est un collaborateur régulier du New Yorker et proche du collectif WWIII Illustrated avec Eric Drooker. Son adaptation de La jungle est un travail de commande pour la collection de classics illustrated. Si le choix du roman est audacieux, le cahier des charges a empêché Kuper de faire justice au roman de Upton Sinclair. Son travail se rapproche plus d’une résumé illustré que d’une véritable adaptation, malgré de réelles qualités. Son approche graphique et quelques composition audacieuses ne peuvent faire oublier le côté très scolaire de l’adaptation ainsi que le côté parfois prude de l’ensemble. Il y avait pourtant matière à une belle adaptation. Malgré tout, et sans doute est-ce le but plus ou moins assumé de ce genre de publication: attiser la curiosité du lecteur et le pousser vers la source (ce qui est le signe d’une bien piètre image de la bande dessinée, tout-à-fait capable de proposer de varies adaptations riches et puissantes, comme Ibicus par Rabaté ou la relecture de Cité de Verre par Mazzucchelli).