Daniel Buren
l’attrape – soleil aux quatre couleurs
Photo F Guilbaud
Vous pouvez simplement déambuler dans le jardin des sculptures de la Fondation Clément et jouir de la sérénité et de l’harmonie de cet éden vert, classé jardin remarquable par le Ministère de la culture. Ce sera déjà en soi une heureuse expérience. Mais si votre curiosité artistique s’éveille, vous pouvez appréhender différemment votre promenade et les œuvres par des circuits thématiques : la conception sculpturale numérique, sculpture et mathématiques, la relation de l’œuvre et du spectateur, le reflet comme élément constitutif de l’œuvre, le recyclage de matériaux, l’anthropomorphisme, l’écriture dans l’espace.
Les sculptures les plus « traditionnelles » d’apparence sont peut- être les plus innovantes. Virtual Yoona de Catherine Ikem et Louis Fléri, Silène luminariis sive Muflier de Borgès de Miguel Chevalier, Heavy Metal Stack Of Six d’Angela Bulloch sont en effet des créations numériques. Au premier regard, volumes d’acier ou de bronze, elles dissimulent leurs secrets. A l’origine, Yoona est une base de données 3D obtenue par le moulage numérique du visage d’une jeune coréenne. Virtual Yoona est donc la matérialisation en bronze de ce modèle 3D, réalisée spécialement pour la Fondation Clément. Voici associés un matériau traditionnel de la sculpture, le bronze et la conception numérique. Et sous votre regard attentif, le soleil couchant révélera la face cachée de Virtual Yoona et vous percerez ainsi son mystère. Car Virtual Yoona a deux visages, celui du soleil levant et celui du crépuscule. L’œuvre de Miguel Chevalier appartient à la série des Fractal Flowers. L’artiste a modélisé les conditions de vie du vivant pour générer des formes complexes qui acquièrent ensuite une réalité matérielle à l’aide d’une imprimante 3D. Heavy Metal Stack Of Six d’ Angela Bulloch est un empilement de six lourds polyèdres de métal conçu avec un logiciel d’imagerie numérique. Heavy Metal Stack Of Six a été exposée dans le Jardin des Tuileries lors de la FIAC 2014 et une version Pink l’a été à Art Basel en 2015.
Miguel Chevalier
Fractal Flower
© Fondation Clément
Catherine Ikam Louis Fléri
Virtual Yoona
Virtual Yoona
Bronze patiné
236 x 167 x 126 cm
2015
© Fondation Clément
Angela Bulloch
Heavy Metal Stack Of Six
Angela Bulloch
Heavy Metal Stack Of Six
Les polyèdres d’Angela Bulloch comme 218.5°Arc X4 de Bernar Venet allient mathématique et sculpture. La sculpture de Venet a toujours entretenu un rapport étroit avec les mathématiques et il fait graver sur l’œuvre la formule de son identité mathématique. Il emprunte la grammaire de l’art minimal : économie de moyens, rejet de l’illusionnisme et de la séduction, emploi de matériaux industriels et structuration de l’espace.
Bernar Venet
©Fondation Clément
Bernar Venet Détail
Certaines œuvres rassemblées dans ce parc interpellent le spectateur, entraînant sa participation active à des degrés divers. Ainsi le mouvement du spectateur modifie la vision qu’il a d’ Heavy Metal Stack Of Six d’ Angela Bulloch. La déambulation autour de l’œuvre perturbe la perception et donne l’impression que les formes s’animent : on ne sait plus si la colonne est en deux ou trois dimensions. La surface transparente recouverte de papiers vitrail de l’attrape – soleil aux quatre couleurs de Daniel Buren joue avec la lumière, le soleil, les nuages et inonde l’espace de taches de lumière colorée car l’attrape couleur est orienté en direction du sud pour capter le maximum de rayons solaires. Les alentours sont alors inondés de halos colorés et l’œuvre invite le public à suivre la course du soleil autour d’elle et dans le paysage environnant à la manière d’ un cadran solaire. Daniel Buren n’impose jamais un point de vue unique mais prévoit une multiplicité de points de vue parmi lesquels le public a la liberté de choisir.
Daniel Buren
l’attrape – soleil aux quatre couleurs
Daniel Buren
l’attrape – soleil aux quatre couleurs
Si le Huge Sudeley bench de Pablo Reinoso, explore les limites du matériau acier et ses capacités de torsion, il convie simplement le promeneur à s’arrêter sur le banc pour un instant de contemplation et de rêverie. Par contre, le Dimensionnal Mirror Labyrinth de Jeppe Hein joue à cache- cache avec le spectateur, fragmenté et démultiplié dans cet enchevêtrement d’images. Il en perd ses repères et s’égare entre espace réel et espace reflété.
Pablo Reinoso
Huge Sudeley bench
2009
© Jean- François Gouait
La plupart de ces œuvres intègrent le reflet à leur processus de création. Le thermolaquage de la colonne sans fin d’Angela Bulloch reflète la lumière et la végétation environnante. C’est tout le feuillage qui se retrouve diffracté dans le Labyrinthe de Hein en acier poli aussi brillant et réfléchissant que des lames de miroir. L’essence même de l’œuvre de Buren, c’est le reflet et la transparence. Même l’œuvre de Christian Bertin joue avec ses ombres portées suivant la course du soleil.
Jeppe Hein
Dimensionnal Mirror Labyrinth
La sculpture contemporaine a pour particularités de rompre avec la représentation du monde réel, de s’affranchir des modes conventionnels de la sculpture et de promouvoir de nouveaux matériaux parfois issus du recyclage. Trois voire quatre des sculptures du Parc sont fabriquées à partir de matériaux recyclés : Ombres de Christian Bertin, Arithmétique des croisements de Bruce, Modesto Meditación Horizontal de Modesto Ramón Castañer et Avançons tous ensemble de Luz Severino. Christian Bertin s’inspire de la tradition martiniquaise de la récupération et réutilisation des objets et produit une installation – assemblage à partir d’anciens fûts métalliques déjà recyclés en réservoirs d’eau avant d’être promus matériaux artistiques et qui dresse ses totems vaguement anthropomorphes sur un fond de ciel ou de verdure. Bruce donne un second souffle à des matériaux délaissés. La forge de quel Vulcain a-t- elle pu ainsi nouer, comme un léger lacet, le cylindre géant de Modesto Ramón Castañer ?
Modesto Ramón Castañer
Modesto Meditación Horizontal
© Fondation Clément
Bruce
Arithmétique des Croisement
© Fondation Clément
Entre récupération et anthropomorphisme, Luz Severino fait le lien avec Christian Lapie. Tous deux proposent une tribu en marche ( serait- elle prophétique ?) Jusqu’à l’ombre de Christian Lapie, un groupe de géants totémiques, taillés à la hache et à la tronçonneuse dans du bois brut et calciné, dressés comme des sentinelles, déploient leur taille immense et dialoguent de loin avec Les Ombres de Christian Bertin.
Christian Lapie
Jusqu’à l’ombre
Chêne
6,3 x 5 x 2 m
2011
Luz Severino
Avançons tous ensemble
Métal oxydé et peinture
Dimensions variables
2011
© Fondation Clément
Christian Bertin
Ombres
2014
© Jean- François Gouait
Thierry Alet et Jonone quant à eux étirent leur écriture dans l’espace. Le rouge Blood de Thierry Alet est un hommage au poème Rappel de Damas « Il est des choses dont j’ai pu n’avoir perdu tout souvenir » tandis que Jonone inscrit le nom du premier propriétaire des lieux, Clément, dans une œuvre commémorative commandée par la Fondation pour le 125ème anniversaire de la marque.
Thierry Alet
Blood
Panneaux de bois contreplaqué en bouleau, armatures métalliques, mousse polystyrène haute densité, toile de fibre de verre, résine époxy, apprêt polyester et peinture polyuréthane.
250 x 700 x 60 cm
2011
© Henri Salomon
Jonone
Clément
Métal laqué, bouteilles en verre coloré, leds
2013
© Fondation Clément