L’exposition Rembrandt intime, au musée Jacquemart André
se termine le 23 janvier.
Si vous ne craignez pas la foule et la promiscuité des salles
du Musée Jacquemart, n’hésitez pas, ce sont des chefs d’oeuvre
Rembrandt Harmenszoon van Rijn dit Rembrandt (1606 – 1669) Les Pèlerins d’Emmaüs
les commissaires de l’exposition, Peter Schatborn,
conservateur en chef émérite du Cabinet national des estampes
au Rijksmuseum, Emmanuel Starcky, Directeur des musées
nationaux et domaine de Compiègne et Blérancourt.
Génie au talent multiple, Rembrandt tient une place à part
dans l’histoire de l’art et dans les collections du musée
Jacquemart-André, qui abritent trois chefs-d’oeuvre
incontestés du maître. C’est autour de ces trois tableaux majeurs,
qui éclairent chacun une période clé de la carrière de Rembrandt,
que l’exposition est construite, sur l’artiste et sur l’homme.
Au-delà des épreuves qui ont rythmé sa vie,
Titus lisant
Vers 1656 – 1658
Huile sur toile
71,5 cm x 64,5 cm
Vienne, Kunsthistorisches
Museum, Gemäldegalerie
© KHM-Museumsverband
Rembrandt a toujours porté un regard tendre et généreux
sur le monde qui l’entourait, et en particulier sur ses proches,
liant intimement le fil de son oeuvre à celui de sa vie.
Des oeuvres du tout jeune Rembrandt, aussi foisonnantes
que surprenantes, aux portraits vibrants de sa maturité,
l’exposition explore les moments forts de la vie de
l’artiste pour révéler toutes les facettes d’un talent qui n’a cessé
de se renouveler.
Peintre magistral, Rembrandt fut aussi un immense
dessinateur et un graveur hors-pair : maîtrisant
à la perfection ces trois techniques, il en a exploré toutes
les possibilités en virtuose et créé un jeu d’échos entre ses
peintures, ses dessins et ses gravures. Fidèle à cette
démarche, l’exposition du musée Jacquemart-André fait
aujourd’hui dialoguer tableaux et oeuvres graphiques du
maître pour mieux entrer dans l’intimité de son processus créatif.
Portrait de la princesse Amalia van Solms
1632
Huile sur toile
68,5 x 55,5 cm
Paris, Musée Jacquemart-André – Institut
de France
© Paris, musée Jacquemart-André
Institut de France / Studio Sébert
Photographes
Édouard André et Nélie Jacquemart achetèrent trois tableaux
de Rembrandt qui restent de nos jours incontestés :
Le Repas des pèlerins d’Emmaüs (1629),
le Portrait de la princesse Amalia van Solms
(1632), et le Portrait du Docteur Arnold Tholinx (1656).
Chacune de ces trois oeuvres illustre une époque différente
et fondamentale de la création de Rembrandt.
Portrait du docteur Arnold Tholinx
1656
Huile sur toile
76 x 63 cm
Paris, Musée Jacquemart-André –
Institut de France
© Paris, musée Jacquemart-André
– Institut de France / Studio Sébert
Photographes
Habité par un pouvoir créatif qui force l’admiration,
Rembrandt touche à l’universel, tout en s’attachant
à représenter son cercle intime.
Ses proches, comme ses parents et sa femme Saskia
(Paris, Bibliothèque nationale de France et Fondation Custodia),
font l’objet de nombreuses études.
L’artiste va aussi, tout au long de sa vie, se représenter lui-même
et porter l’art de l’autoportrait à ses sommets
(Berlin, Kupferstichkabinett; Paris, Petit Palais et musée du Louvre).
Rembrandt, Saskia
Lorsqu’il réalise vers 1629 le
Repas des pèlerins d’Emmaüs, Rembrandt a acquis une
parfaite maîtrise de la technique picturale à laquelle il allie une
grande compréhension psychologique des sujets qu’il traite.
Tout comme Saint Paul assis à sa table de travail
(Nuremberg, Germanisches Nationalmuseum) qui lui est contemporain,
le chef-d’oeuvre de la collection Jacquemart-André permet
d’affirmer que Rembrandt atteint
alors un premier sommet de son art. Il a alors seulement 23 ans.
Lorsqu’arrivent les années 1650-1660, la renommée de Rembrandt
s’étend jusqu’en Italie – il reçoit d’ailleurs la visite de Côme III de Médicis,
grand-duc de Toscane, en 1667. Loin de se contenter de ses succès,
Rembrandt poursuit une quête artistique qui l’amène à dépasser
les limites du réel et à accéder à une vision de la vie qui transcende
les apparences, alors même que les épreuves s’accumulent.
Saskia est morte en 1642, il vend sa maison et ses collections
en 1656 pour échapper à la faillite, puis perd successivement sa
compagne Hendrickje Stoffels et son fils Titus. Pourtant,
habité par l’art, il surmonte toutes les difficultés et
développe un nouveau style.
Chef-d’oeuvre pictural, la Jeune fille à sa fenêtre de 1651
(Stockholm, Nationalmuseum), est considérée comme la première
oeuvre à illustrer ce changement. Le modèle, d’une présence presque
palpable, semble sortir de la toile et témoigne de l’émotion
de l’artiste devant cette jeune femme. Le style de Rembrandt
devient très libre et rapide, puis heurté et presque abstrait.
En 1656, quand il réalise le Portrait du docteur
Arnold Tholinx (Paris, Musée Jacquemart-André) autour
duquel sont rassemblées les oeuvres de cette
dernière salle, Rembrandt est capable de dire la nature profonde
de l’être, comme le montre également le
Portrait d’Hendrickje Stoffels, sa dernière compagne
(Londres, National Gallery).