Philippe Cohen a écrit avec La starteupe une satire sur les entreprises qui démarrent et dont le patron et les employés parlent un franglais ridicule pour se donner un genre, dynamique. Le titre, avec son orthographe qui aurait plu à un Jacques Perret, lui, donne le ton de cette comédie innovante.
Les collaborateurs de Up, La Start-Up, tablettes en main, franchissent plusieurs portes (les comédiens les miment): à codes, à reconnaissance veineuse ou oculaire... Ils viennent, convoqués par leur CEO (Philippe Cohen), pour lui faire part de leurs innovations mises en oeuvre sous la direction de Lydia (Jade Amstel).
Philippe Cohen est accompagné de sa secrétaire, qui, inévitable cliché, est sa maîtresse (Marie-Stéphane Fidanza), et dont il a fait sa DRH, illustrant le principe de Peter... Etienne (Gaspard Boesch) et Thibaud (Julien Opoix), vantent leurs produits qui devraient booster les ventes, grâce à une bonne com.
Les rapports entre collaborateurs ne sont guère amènes. Thibaud essaie toujours de tirer la couverture à lui sur le dos d'Etienne. Lydia rappelle à tous deux qui est la cheffe. Et Basile (Mirko Verdesca) est l'inévitable stagiaire à qui tout le monde refile la patate chaude en dernier ressort.
Chaque semaine cette fine équipe, patron inclus, participe à un séminaire de régression: il s'agit pour eux de retrouver l'enfant qui est en eux. Le gourou du stage (Gaspard Boesch) n'imagine certainement pas dans ses rêves que ce stage puisse réussir aussi bien: Guy retombe en toute petite enfance...
A partir de là la starteupe part complètement en vrille. Ce n'est pourtant pas le moment. En effet elle a besoin de cash pour se développer et Guy doit recevoir Miranda (Jade Amstel), qui est à la tête d'un fonds souverain asiatique, pour lui demander d'investir dans les innovations de sa boîte...
A ce propos les innovations de la boîte en question sont dignes du concours Lépine: un airbag intégral, un drône d'appartement, du mobilier virtuel (qu'on ne voit pas, mais dans lequel on se cogne...), une poignée de jouvence (qui, en étant tournée, étire les peaux...), un sérum d'immortalité etc.
Ce soir, le public rit, mais peut-être pas autant qu'il le devrait. Est-ce parce qu'il vient du froid (heureusement qu'il y a le réchauffement climatique, parce que la météo...)? Parce que le côté pantalonnade l'emporte sur les répliques? Ou parce que cette fiction est trop proche de leur réalité?
Dans leurs costumes conçus par Marion Schmid, les comédiens ne sont pas en cause: ils sont performants dans la mise en scène de Philippe Cohen, aidé par Arthur Arbez (qui joue aussi le rôle d'un caricatural laborantin d'Europe de l'Est), sur des musiques de Manuel Cohen et sous des lumières de David Manson.
Francis Richard
Prochaines représentations:
Du 25 janvier 2016 au 4 février 2016
Les mercredis et vendredis à 20 heures
Les jeudis et samedis à 19 heures
Adresse:
Théâtre Cité-Bleue
46, avenue de Miremont
1206 Genève
Réservation:
http://www.theatre-confiture.ch/
Philippe Cohen, Marie-Stéphane Fidanza, Jade Amstel, Julien Opoix, Gaspard Boesch, Arthur Arbez et Mirko Verdesca