L'investisseur investi

Publié le 21 janvier 2017 par Fabianus

Ainsi soit-il. Donald Trump a prêté serment sur la Bible et devient le 45ème président des Etats-Unis.
Rien de tel que la bible pour se donner une nouvelle Genèse quand les vies tiquent d’avoir supporté huit années d’aubes à Marie, heu d’Obamarie. Oui, rien de plus exaltant que la bible pour évoquer Job, ce travail qu’on promet à tous les Américains avec un « First America », l’Amérique d’abord. En vérité, je vous le dis, rien de plus grandiose que la bible pour soutenir cet homme aisé qui hèle toute une nation à lui ressembler : soyez riche, osez (Osée ?), cessez vos lamentations et comme des pros faites-vous une place au soleil. Je serai là derrière vous. Je ne vous décevrai pas !
Oui, il a prêté serment sur le livre saint et retentirent les canons pour le canoniser !
La pluie était au rendez-vous, faisant dire à ses détracteurs : ça dégoutte.
L’eau venait comme pour bénir son discours à bas thème : le fameux « America First », une « Amérique d’abord » répété à l’envi, en grains de chapelet. Une oraison hors raison charpentée de phrases courtes, comme si le nouvel hôte de la Maison Blanche parlait ainsi qu'il tweetait : pas plus de 140 caractères par phrase.
Le nanti social, habitué des trusts, était arrivé, l’air d’un sombre héros, accompagné de sa femme Melania et de son fils Barron, dix ans, qui aurait préféré envoyer des chewing-gums mâchés à tous les vents, sachant qu’il avait  des prix chez le marchand ! Donald, qui ne ressentait pas le froid de canard, a embrassé Michelle Obama laquelle n’eut pas l’air enchantée, flûte ! En revanche, il n’a pas serré la main de son ex rivale, Hillary, pas hilarant ! Tout Washington, enfin presque, s’était donné rendez-vous : les présidents Jimmy Carter, George W. Bush, Bill Clinton. Il y avait aussi les leaders politiques, les juges de la Cour suprême, Bernie Sanders, les futurs ministres cousus d’or qui n’ont jamais eu besoin de Jean-Pierre pour gagner des millions. La foule des admirateurs, un agglomérat de braves gens paumés croyant au Messie, applaudissait le prophète mais s’avérait peu magnanime dès que les écrans géants montraient une dame blanche : « il ne faut pas que la frigide erre ici, mettez la en taule ! ». Pauvre Hillary ! Elle avait pourtant fait l’effort de venir malgré tant de rancœur. Le discours fini, une jeune soprano, Jackie Evancho (et vante froid éventuellement, si besoin est) se mit à chanter l’hymne national, The Star-Splangled Barner (la bannière étoilée).  Trump aurait préféré Mireille Matthieu, mais la star avignonnaise avait prétexté d’un gala en Russie prévu depuis des mois par son ami Poutine.
Il a donc fallu s’accommoder d’une bannière étoilée en mineur  (Jackie a moins de 16 ans) avant que d’aller au charbon, polluer la planète en crachant sur la Cop 21, se recroqueviller derrière ses frontières en sifflotant l’harmonieuse mélopée du protectionnisme.