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(anthologie permanente) Hubert Lucot, disparu ce 18 janvier 2017

Par Florence Trocmé

L’écrivain Hubert Lucot vient de mourir, ce 18 janvier 2017.
La page d’Hubert Lucot sur le site de son éditeur, P.O.L.
Les deux derniers livres publiés chez cet éditeur : Sonatines de deuil (2015) et La Conscience (2016).
Il a écrit le très beau et émouvant Sonatines de deuil après la disparition de sa femme, Anne-Marie (A.M.) en Août 2012.
8 septembre [2012] 18 h
L’absence d’A.M. n’est pas plus étrange que ne le fut sa présence pendant 54 ans.
18h06  Parfois, son absence est concrète : dans l’embrasure d’une fenêtre où elle soignait ses plantes.
1 heure du matin  Craque une lame de plancher sur 10 cm. Je ressens l’extérieur du pied de mon petit-fils Cédric marchant vite et doux vers la cuisine. Proche mon endormissement ; sur 10 cm, pendant une seconde, le bruit du bois me signifie que je ne suis pas un homme seul.
15 septembre, 13h30
Dans le restaurant-cantine chinois de la porte de Choisy, l’animation conteste l’absence d’A.M. : elle est moi pourrions séjourner à Rome ou à Valparaiso.
16 septembre, 9h06
Ce n’est pas l’absence d’A.M. que je ressens mais son silence, comme si elle parlait ailleurs. Elle m’a quitté pour un autre : le néant.
   9h08  SOUVENT J’ENTENDS LE SILENCE D’A.M.
Hubert Lucot parle de ce livre. (Une vidéo sur le site de P.O.L.)
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Extrait de La Conscience, paru en 2016 :
Insomnie pendant trois heures, voire quatre, je me lève difficilement à 9h30, toutefois je prendrai plaisir à durcir la matière du chapitre IV (Soulac, Sète).
Durcir par allègement. Mettre au jour la densité du tissu en faisant sauter les verbes être, en préférant l’actif au passif, nous  voyagerons vite sans surpoids, durs et souples H.L. et ses lecteurs, le travail s’effectue dans les profondeurs de la voix.
A 12h15, je me suis dirigé vers le studio de Stanislas, sous le Père-Lachaise. Affolé, il venait de me téléphoner : cette nuit, les urgences de l’hôpital Tenon ont détecté une rhinopharyngite et il a obtenu un arrêt de maladie.
Nous allons déjeuner chez les Landais. Sa santé fait plaisir à voir.
Me dirigeant vers les Buttes-Chaumont, je longe le square Édouard-Vaillant où l’eau règne (feuilles gouttelantes, troncs humides), puis les intestins cimenteux de la grande cité hospitalière Tenon sans habitants visibles, j’éprouve les sentiments attendus mais faibles devant le long séjour d'Aliette se mourant, devant mon enfermement discontinu dans ces murs pierreux ou laqués. J’y rencontrais de jeunes soignants commentant symptômes et organes, parfois je plongeais dans la vie entière de ma jeune sœur que je soulevais à Dainville devant la cage grillagée des lapins, ou bien nous rendions visite à la férocité des oies, aujourd’hui je ressens l’éternité des gouttes et du ciment.
Hubert Lucot parle de ce livre : « je pense du concret et là il y a un affront violent entre la conscience et l’objet. ». Enregistrement du 4 décembre 2016.(Une vidéo sur le site de P.O.L.)
Hubert Lucot dans Poezibao :
Lucot HL, rencontre avec Didier Garcia (parution),
[note de lecture] Hubert Lucot, "Je vais, je vis", par Anne Malaprade,
"Travail du temps", par Anne Malaprade,
[note de lecture] Hubert Lucot, "Sonatines de deuil", par Anne Malaprade


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