La République démocratique du Congo a plus 5000 prêtres et 47 diocèses. Et sur les 75 millions de Congolais, près de 60% se déclarent catholiques. Des chiffres qui attestent le poids que représente aujourd'hui l'Eglise catholique dans ce grand pays d'Afrique, où les défis sont de plus en plus immenses.
Car malgré un sous-sol extraordinairement riche, le Congo d'Etienne Tshisekedi n'arrive toujours pas à faire un bond vers le développement. C'est d'ailleurs l'une des raisons qui expliquent la présence de l'Eglise catholique dans des domaines aussi importants que la santé, l'éducation. Où l'Etat en vérité ne fait pas grand-chose.
Mais s'il y a un fait qui a retenu ces derniers jours nombre d'observateurs, c'est bien le rôle crucial qu'a joué, il y a quelques jours, la conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) dans la récente crise politique qui a secoué la RDC, où elle a d'abord tenu à rappeler l'inopportunité de la démarche du président Joseph Kabila - qui voulait illégalement briguer un troisième mandat. Dans un second temps, elle a crée les conditions d'un compromis politique qui assure désormais la gestion transitoire du pays jusqu'aux prochaines élections générales. Cet accord, obtenu le 31 décembre 2016, a été pour Mgr Marcel Utembi (archevêque de Kisangani) le " grand cadeau de Noël ". Interrogé par Radio-Vatican, le prélat a souhaité aussi " que les résolutions prises soient transformées en activités afin de juguler la crise sociopolitique que connaît le pays ".
Voilà donc éclairci l'horizon politique. Mais il aura fallu entendre auparavant cette autre admonestation, signée cardinal Laurent Monsengwo : " Il est plus facile de tuer que de ne pas tuer. Il est plus facile de céder à la violence que de résister à la force. Il est plus beau d'être artisan de la violence. Il n'y a pas de grandeur à manier les armes pour tuer les gens. Le fait de prendre le pouvoir par les armes ne justifie pas qu'on ne puisse le quitter que par les armes. Il est révolu le temps où l'on prenait le pouvoir par les armes, il est révolu le temps où l'on cherchait à conserver le pouvoir par les armes en tuant son peuple. Ces jeunes qui ne réclament que leurs droits de vivre un peu plus dignement. Prenons garde, mes frères et sœurs, car quiconque tue par l'épée, périra par l'épée ". Ces quelques mots, prononcés le temps d'une homélie, sont remarquables de justesse. Ils confirment la lutte que ne cesse de mener l'Eglise contre les forces qui s'opposent aux idéaux démocratiques et à l'épanouissement véritable des peuples.
Néanmoins qu'on le comprenne bien : l'Eglise ne défend pas un parti contre un autre, un candidat contre un autre ; elle sert le bien commun. Dans ce vaste territoire, où 82% d'habitants vivent sous le seuil de pauvreté.
Guillaume Camara