Du 21 janvier au 05 mars 2017 - Vernissage samedi 21 janvier à 17h
http://www.essars.bram.fr/C'est à un voyage, visuel et mental, en quatre étapes, que nous convie Bernard Bouchard : une fuite dans l'espace jusqu'en Afrique ; une incursion plus personnelle, intérieure et intime ; une balade musicale, en rythme et en douceur ; et pour final, un retour dans le passé, celui de son village natal, Bram, ancré dans son coeur et ses souvenirs.
II est un autre territoire devenu cher à Bernard Bouchard, un ailleurs sur lequel s'ouvre l'exposition : l'Afrique. Après les années passées à la SHFP de Cologne, un établissement fort réputé où il est le seul élève photographe français, il sortira ingénieur et premier de la promotion. Bernard Bouchard, qui doit à présent effectuer son service militaire, choisit la coopération en Côte d'Ivoire. Durant son temps libre, il se promène dans la nature africaine ou dans les rues des villages, découvrant cet environnement dépaysant, si différent de son Lauragais. Il ne se donne aucun but historique ou ethnographique ; il n'a en tête aucun message à délivrer. Il se laisse guider par le hasard des rencontres à l'inattendu du détour d'un chemin, sachant toujours tirer parti de ce qui s'offre à son oeil en éveil. Jamais il ne met en scène, respectant le naturel et l'authentique, bannissant le " pittoresque ". Mais il sait d'instinct et de métier, à la fois, équilibrer les formes, les volumes, donner de la profondeur, jouer des verticales et des obliques. Il aime saisir l'imprévu, capter le geste furtif, l'expression d'un visage, qui ne se répéteront pas. Il faut une technique sans faille dans ces moments-là, il la possède et cependant, simultanément, il se laisse gagner par la dimension poétique, émouvante de son sujet.
Cette technique, cette pureté du geste, cet " oeil ", il les a acquis, développés, renforcés au cours de ses années allemandes, qui débutèrent par neuf mois à l'institut Goeth de Munich où il apprit la langue avant de rejoindre l'école de Cologne. Son autoportrait " à la tête coupée ", sombre, d'une mélancolie toute baudelairienne, témoigne que ces années d'apprentissage ne furent pas des vacances au long cours. Bram, la famille, étaient bien loin et le restaient car les escapades dans l'Aude étaient du domaine du rêve. Cependant, il vivait sa passion, apprenait vite, engrangeait sans compter, dans les cours, les séances pratiques, mais aussi lors des échanges avec les autres élèves venus d'horizons et de pays divers. En 1966, anticipant les échanges Erasmus, six élèves de Cologne sont échangés avec six élèves de Londres. Devoir commun : les ponts. Récompense établie par les directions des deux écoles : la meilleure des douze séries sera exposée à la Photokina qui n'est rien d'autre que la Foire Mondiale de la Photographie. Il fait si bien qu'il obtint à la fois la meilleure note et une distinction. Bernard Bouchard écarta d'emblée, à l'inverse de la plupart de ses condisciples, l'aspect matériel ou utilitaire du pont. Il s'attacha à sa symbolique, à sa dimension poétique et construisit de photo en photo un récit fictif et allégorique, accompagné d'un texte qui n'a rien d'explicatif, mais ouvre sur le songe et l'imaginaire. Il faut dire que Bernard Bouchard aime les mots, le langage, la littérature et plus particulièrement la littérature policière, avec son corollaire naturel, le film noir. Et cette suite londonienne, dans son noir et blanc, son déroulement tragique, son ultime image, son dernier mot, ne s'apparente-t-elle pas à cette expression littéraire et à ce genre cinématographique ? La photographie intitulée " Dimanche 20 novembre 1960 - 17h " avec le texte qui l'accompagne, ainsi que l'hommage à Saint-Exupéry " l'enfant au réverbère ", autre hommage, ici à la B.D.
Aux Essar[t]s, espace arts et cultures - avenue Georges Clémenceau - 11150 Bram . Tel : 04.68.24.40.66
ouvert au public le mercredi de 11h00 à 18h00 et du jeudi au dimanche de 13h00 à 18h00. fermé le lundi et mardi