[Critique] Live by Night

Par Wolvy128 @Wolvy128

Boston, dans les années 20. Malgré la Prohibition, l’alcool coule à flot dans les bars clandestins tenus par la mafia et il suffit d’un peu d’ambition et d’audace pour se faire une place au soleil. Fils du chef de la police de Boston (Brendan Gleeson), Joe Coughlin (Ben Affleck) a rejeté depuis longtemps l’éducation très stricte de son père pour mener une vie de criminel. Pourtant, même chez les voyous, il existe un code d’honneur que Joe n’hésite pas à bafouer : il se met à dos un puissant caïd en lui volant son argent et sa petite amie (Sienna Miller). Sa liaison passionnelle ne tarde pas à provoquer le chaos. Entre vengeance, trahisons et ambitions contrariées, Joe quittera Boston pour s’imposer au sein de la mafia de Tampa…

Près de 10 ans après Gone Baby Gone, son premier long-métrage en tant que réalisateur, Ben Affleck porte, une nouvelle fois, à l’écran un roman de Dennis Lehane (Mystic River, Shutter Island) avec Live by Night. Malheureusement, le résultat est nettement moins probant puisque si le film est à nouveau parfaitement exécuté d’un point de vue strictement formel, le scénario laisse en revanche à désirer. Certes, la première partie à Boston est plutôt efficace, parvenant par exemple à installer rapidement les personnages et proposant notamment une course-poursuite nerveuse dans les rues de la ville, mais la seconde à Tampa souffre de nombreuses longueurs. Handicapé par une intrigue centrale qui patine et des sous-intrigues globalement inutiles, le récit manque cruellement de rythme et perd rapidement de vue son enjeu principal, à savoir la vengeance de Joe. Il faut d’ailleurs attendre la fusillade finale pour voir enfin la boucle se refermer. Et là encore, pas sans heurts puisque la confrontation est extrêmement expéditive. Contrairement à la conclusion du film qui, elle, s’étire maladroitement en voulant clôturer absolument toutes les intrigues.

Malgré tout, Live by Night se laisse regarder sans déplaisir, pouvant notamment s’appuyer sur une dimension artistique totalement maîtrisée. De la reconstitution d’époque à la mise en scène, en passant par la photographie, le film nous offre effectivement des plans de toute beauté pendant un peu plus de 2 heures. De quoi regretter encore plus le script inégal de Ben Affleck, qui aurait peut-être dû s’entourer d’autres scénaristes (comme il l’a fait pour ses précédentes réalisations). Côté casting, le constat est également mitigé puisque si Ben Affleck se montre convaincant dans certains aspects de son jeu, il peine néanmoins à insuffler de véritables nuances à son personnage. Souvent mono-expressif, l’acteur en devient même gênant par moments. Quant à Chris Messina, Zoe Saldana, Sienna Miller, Elle Fanning ou encore Chris Cooper, ils délivrent une interprétation tout à fait correcte mais ne bénéficie malheureusement pas d’une écriture suffisamment qualitative que pour marquer les esprits. Il suffit d’ailleurs de voir la pauvreté des figures féminines, dont la représentation varie entre le faire-valoir et le personnage fonctionnel, pour s’en rendre compte.

Pour conclure, Live by Night est donc un film de gangster parfaitement exécuté mais manquant cruellement d’ampleur. Formellement superbe, le long-métrage souffre d’un scénario inégal s’éparpillant trop dans des sous-intrigues totalement inutiles. Plaisant mais loin d’être indispensable en somme.