On ne peut pas dire que le régime volontaire d’épargne retraite a fait fureur en 2016. Les premières données de participation observées dans les institutions qui l’offrent montrent qu’après la période de cotisations obligatoires, près de la moitié cessent d’y participer.
Le RVER a été mis en place pour pallier au fait que plus de 2 millions de travailleurs québécois n’ont pas de régimes de retraite et ne cotisent presque pas à leur REER et CELI. L’idée d’offrir un certain filet de revenu à une classe d’employés qui en est dépourvue semblait noble au départ, mais on a passé à côté de détails tellement importants qu’avec du recul, on comprend que l’initiative a peu de chance d’avoir du succès.
1-Les entreprises comptant 5 employés et plus qui n’ont pas déjà un régime quelconque en fonction sont obligées d’établir le RVER. Les travailleurs doivent donc obligatoirement y déposer un minimum de 2% de leur paye même si l’employeur n’est pas tenu d’y verser un sou. C’est LA carence la plus importante à mes yeux. Car effectivement, sans incitatif les patrons ne le font pas.
2-Ensuite, comme les « consultants » et administrateurs invités à la réflexion ont concentré leurs analyses sur des tableaux Excel, ils ont oublié le plus important. Soit d’impliquer les travailleurs eux-mêmes et ceux qui les assistent déjà, soit les comptables, planificateurs et conseillers. Ces derniers visitent les travailleurs dans leurs cuisines et écoutent leurs confidences et inquiétudes dans leur quotidien depuis des décennies. Les « grands penseurs » du RVER ont déterminé que les cotisants et leurs professionnels de confiance n’avaient pas de voix au chapitre. Étonnant n’est-ce pas?
Un encadrement étroit « en personne » est indispensable pour valider les besoins d’épargne et planifier convenablement pour toutes les grandes étapes de la vie. Mais surtout pour harmoniser le RVER avec les régimes que les cotisants possèdent déjà et les particularités de chaque famille. Le participant au RVER est posté devant un écran d’ordinateur ou une application mobile et on lui dit : « tout est là, débrouillez-vous ». Quel non-sens quand même!
3-Les fonctionnaires qui ont établi la base du RVER ont obligé les émetteurs à offrir des produits très discutables, soit les « fonds cycles de vie » reposant sur des indices boursiers. Cette limitation de produits peut devenir une bombe à retardement lorsque la bourse devient exubérante ou pire, lorsque les obligations culbutent. Et c’est une possibilité.
Bref le RVER n’est qu’une solution parmi d’autres. Ça donne peut-être bonne conscience aux politiciens et aux consultants impliqués, mais d’évidence c’est plutôt inadapté aux réalités des travailleurs.
Les faiblesses du RVER
- Cotisations de l’employeur facultatives
- Options de placements forts discutables
- Encadrement limité et éloigné des préoccupations des travailleurs
- Capitaux immobilisés
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