Les éditions Passage d'encres, animées par Christiane Tricoit, ont eu une intense production en 2016. Pas moins de 7 ouvrages sont parus, 6 d'entre eux dans la collection Trait Court.
Deux plaquettes ont particulièrement retenu mon attention.
9 h 50 à l'Hôtel-Dieu, de Guillaume Decourt
Pianiste classique, l'auteur partage son temps entre Paris et Athènes, après avoir passé son enfance en Israël, en Allemagne et en Belgique, son adolescence dans les monts du Forez, puis séjourné longuement à Mayotte et en Nouvelle Calédonie. Cette errance, ces éléments biographiques se retrouvent dans sa poésie, qui en reprend le récit désordonné. Mais Decourt n'est pas l'un de ces poètes actuels qui racontent leur vie prosaïquement en allant à la ligne, sans rythme et sans musicalité, en mauvais disciples de Bukowski. Il emprunte la forme classique du dizain (la forme privilégiée d'antiques poètes comme Maurice Scève), rimé avec souplesse. Les nombreux enjambements donnent du rythme au poème.
L'ensemble de 35 dizains forme une suite subtile évoquant surtout la vie sentimentale de l'auteur, le cœur partagé entre la Grecque aimée et la Brésilienne amante, hésitant à « troquer l'Attique pour l'Amazonie ».
Mais qui se soucie du pauvre Decourt
Qui a rompu malgré lui ses amours
En deux donne ses baisers par à-coups
Rhizome, de Christophe Stolowicki
Rhizome : « tige souterraine des plantes vivaces qui porte des racines adventives et des tiges feuillées aériennes », précise le dictionnaire. Ce terme définit les brèves de Stolowicki, ni aphorismes, ni maximes. Ces phrases, ces paragraphes d'une écriture dense, « brèves sans humour à l'encontre du genre » partent dans tous les sens, s'enrichissant de plusieurs sens. Des saillies, un bouquet d'éclairs d'intelligence et de lucidité. Stolowicki possède une vaste culture qui n'est pas celle d'un cuistre, mais d'un vrai amoureux du jazz, de la peinture et de la littérature. Il admire les grands aînés (Baudelaire, Celan, Flaubert, Gombrowicz...), critique certains égarements : « René Char n’a aucune idée de la saleté de Heidegger », dénonce les fausses gloires et les faiseurs. « N'est pas Pascal qui veut. » « Il se survit comme Rimbaud qui aurait réussi dans la vie. »
Brillants, parfois énigmatiques, ces fragments sont décapants et nous incitent à remettre en question bien des vérités établies.
Citons les autres ouvrages reçus :
Fiction : la portée non mesurée de la parole, 7 essais par Pierre Drogi ;
Grand Stade, de Hélios Sabaté Beriain ;
Ka ninda, l'écho, de Marc Tamet ;
Somniloquie, de Piero Salzarulo ;
Écrire malgré nous, de Geneviève Huttin.
Passage d'encres, Moulin de Quilio, 56310 Guern
http://www.inks-passagedencres.fr/
Les éditions Passage d'encres, animées par Christiane Tricoit, ont eu une intense production en 2016. Pas moins de 7 ouvrages sont parus, 6 d'entre eux dans la collection Trait Court.
Deux plaquettes ont particulièrement retenu mon attention.
9 h 50 à l'Hôtel-Dieu, de Guillaume Decourt
Pianiste classique, l'auteur partage son temps entre Paris et Athènes, après avoir passé son enfance en Israël, en Allemagne et en Belgique, son adolescence dans les monts du Forez, puis séjourné longuement à Mayotte et en Nouvelle Calédonie. Cette errance, ces éléments biographiques se retrouvent dans sa poésie, qui en reprend le récit désordonné. Mais Decourt n'est pas l'un de ces poètes actuels qui racontent leur vie prosaïquement en allant à la ligne, sans rythme et sans musicalité, en mauvais disciples de Bukowski. Il emprunte la forme classique du dizain (la forme privilégiée d'antiques poètes comme Maurice Scève), rimé avec souplesse. Les nombreux enjambements donnent du rythme au poème.
L'ensemble de 35 dizains forme une suite subtile évoquant surtout la vie sentimentale de l'auteur, le cœur partagé entre la Grecque aimée et la Brésilienne amante, hésitant à « troquer l'Attique pour l'Amazonie ».
Mais qui se soucie du pauvre Decourt
Qui a rompu malgré lui ses amours
En deux donne ses baisers par à-coups
Rhizome, de Christophe Stolowicki
Rhizome : « tige souterraine des plantes vivaces qui porte des racines adventives et des tiges feuillées aériennes », précise le dictionnaire. Ce terme définit les brèves de Stolowicki, ni aphorismes, ni maximes. Ces phrases, ces paragraphes d'une écriture dense, « brèves sans humour à l'encontre du genre » partent dans tous les sens, s'enrichissant de plusieurs sens. Des saillies, un bouquet d'éclairs d'intelligence et de lucidité. Stolowicki possède une vaste culture qui n'est pas celle d'un cuistre, mais d'un vrai amoureux du jazz, de la peinture et de la littérature. Il admire les grands aînés (Baudelaire, Celan, Flaubert, Gombrowicz...), critique certains égarements : « René Char n’a aucune idée de la saleté de Heidegger », dénonce les fausses gloires et les faiseurs. « N'est pas Pascal qui veut. » « Il se survit comme Rimbaud qui aurait réussi dans la vie. »
Brillants, parfois énigmatiques, ces fragments sont décapants et nous incitent à remettre en question bien des vérités établies.
Citons les autres ouvrages reçus :
Fiction : la portée non mesurée de la parole, 7 essais par Pierre Drogi ;
Grand Stade, de Hélios Sabaté Beriain ;
Ka ninda, l'écho, de Marc Tamet ;
Somniloquie, de Piero Salzarulo ;
Écrire malgré nous, de Geneviève Huttin.
Passage d'encres, Moulin de Quilio, 56310 Guern