Je termine la lecture de :"Dieu,Allah moi et les autres"de Salim Bachi et j'ai apprécié à la fois le style et le fond de ce texte très personnel. Il y a là le récit d'une jeunesse dans l'Algérie des années 70, marquée par la maladie et surtout par une école dramatiquement obscurantiste. Les pages consacrées à l'école et à certains enseignants expliquent l'état de ce pays!On espère seulement que ce qu'il nous dit n'est qu'une exception même si il écrit que c'est un peu partout dans le pays que sévit cet enseignement ( si on peut appeler cela de l'enseignement!) qui ne peut que conduire a faire un peuple d'illétrés sans culture.
Il y a aussi et c'est une des parties importantes du livre son rapport à Dieu ou plutôt son absence de rapport et sur la "bondieuserie" qui s'est répandue partout dans le pays empêchant de penser par soi-même. Avec ce qu'il écrit on comprend qu'il n'ait pas pu rester dans ce pays et que la seule façon qu'il a eu de s’épanouir a été de partir; comme ,hélas, beaucoup.
Il y a aussi de nombreuses pages sur son rapport aux femmes , dont le moins que l'on puisse dire est qu'il n'est pas un rapport serein et apaisé ce qui s’explique, sans doute, par la frustration qui est le lot commun des jeunes gens en Algérie.
Au final donc un récit personnel mais qui donne bien a voir l'état du pays et son échec.
Enfin il y a ,aussi, un passage sur Albert Camus.Il a , en effet, été chargé d'accompagner Olivier Todd lorsque celui-ci travaillait à sa biographie d'Albert Camus et désirait se rendre sur le lieu de naissance de l'écrivain à Mondovi aujourd’hui Drean. Il en profite pour revenir sur le rapport de beaucoup d'Algérien avec Camus (vaste question) et il écrit ce passage que je retranscris mais que je trouve un peu excessif et peu conforme à ce que je ressens en étudiant la réaction de beaucoup d'Algériens:
"A l'époque où Olivier Todd était venu en Algérie pour préparer sa biographie, Boudiaf venait d'être assassiné, mais la guerre civile n'avait pas encore commencé et Camus était toujours considéré comme un traître par la majorité des intellectuels algériens. Je défie quiconque de me prouver le contraire aujourd'hui, on ne trouvera chez personne une défense de Camus, encore moins chez ceux, de nos jours, qui s'en réclament à cor et à cri.Il a fallu une guerre civile et la fin d'une Algérie mythique, celle de la révolution de novembre 54, pour que ces intellectuels comprennent enfin la position de Camus, pendant la guerre d'indépendance et fassent mine de l'accepter.
Je salue en tous cas le courage de cet écrivain et je regrette qu'il ait été obligé de quitter son pays qui aurait bien besoin d'intellectuel comme lui.