Samedi soir j'entendais parler d'André Leroi-Gourhan. Préhistorien et anthropologue illustre. Illustre, certes, mais que reste-t-il de ses travaux ? Il a déconstruit les théories sur les religions préhistoriques, qui ne s'en sont pas relevées. Et ses théories, par exemple sur l'art préhistorique, ont elles-mêmes étaient déconstruites. Son héritage se limite peut-être à des techniques de fouille. Elles nous permettent d'accumuler des masses de données que nous ne savons pas expliquer. Et qui finiront par nous encombrer.
En lisant une encyclopédie des années 50, je me suis demandé si nous n'avions pas été victimes d'une illusion. Nous avons cru pouvoir connaître le passé. En fait, nous ne faisions qu'y projeter nos idées reçues. De même, nous pensions distinguer un chemin vers l'avenir. Un chemin tracé par la "science". Mais la science n'a abouti, en quelque sorte, qu'au "big data", un chaos de données informe. Même la physique s'est enlisée.
Et si c'était la fin de l'Histoire ? Et si, comme le dit Hannah Arendt, nous devions redécouvrir le présent ? Mais pas un présent d'après moi le déluge, façon 68, mais un présent de responsabilité, façon existentialistes "mystiques" (Camus et pas Sartre). Car une absence d'avenir ne veut pas dire le néant et l'absurde, mais, au contraire, la richesse à la fois inquiétante et merveilleuse de la vie.