« Avant, les gens braquaient les banques ; maintenant, ce sont les banques qui braquent les gens. »Marc-Edouard NABE
« Le volé qui sourit dérobe quelque chose au voleur. »SHAKESPEARE
Madame, Monsieur,
Grâce à vous, nous avons l’impression de nous faire voler deux fois. Chance rare ! Nous vous envoyons ce petit courrier pour vous en remercier.
Les faits– 19/11/16 : de joyeux drilles nous dérobent dans la nuit, entre autres choses, 2 cartes bleues, dont celle de notre compte joint à la Banque (I'm free!) Populaire,–19/11/16 : au petit matin, nous faisons opposition. Personne ne nous demande de rédiger un courrier de confirmation,– 23/11/16 : nous découvrons un peu stupéfaits que des opérations sont réalisées avec cette carte, et apprenons de notre agence que c'est « grâce » à la technologie « sans contact », qui continue de fonctionner malgré l'opposition faite, et ce jusqu'à un montant global de 80 euros, moment où le code est de nouveau demandé pour payer,– 25/11/16 : nous effectuons donc une demande de remboursement, comme nous l'a conseillé notre agence. D'après l'employé qui me reçoit, le remboursement est garanti sous 72h,– 12/12/16 : les 72h étant passées sans que Sœur Anne ne voie le remboursement venir, nous contactons par mail notre agence, qui répond que le dossier a été transmis à l'assureur et que le remboursement ne devrait plus tarder,– 21/12/16 : nous recevons un courrier de BPCE Prévoyance (15/12/16), nous demandant de fournir 3 documents pour pouvoir effectuer le remboursement. Deux d'entre eux ont déjà été fournis (plainte, relevé mentionnant les opérations frauduleuses), le 3e n'existe pas (courrier de confirmation de l'opposition). Nous répondons en envoyant de nouveau les documents demandés, à l'exception bien entendu de celui qui n'existe pas.– 03/01/17 : un deuxième courrier de la BPCE Prévoyance (26/12/16). On nous réclame toujours ce courrier de confirmation, mais plus les autres documents. En revanche, on nous réclame également, c'est nouveau, les factures de clés, serrures ; et, on nous indique précisément comment se faire rembourser le coffre-fort. Cette sollicitude nous touche (je dirais même qu'elle nous émeut) jusqu'à ce que nous nous rendions compte que nous n'avons pas de coffre-fort. Ubuesque. Nous répondons, en en appelant à notre agence pour sortir de ce marasme.–14/01/16 : Et voici le 3e courrier (09/01/17) ! Les opérations frauduleuses ne seront pas remboursées car elles ont été effectuées, tenons-nous bien, après que nous avons fait opposition sur la carte. D’une logique implacable.
Quelques petites questions…
1/ Vous ne l'avez peut-être pas encore remarqué, mais ce dossier vous a d'ores et déjà coûté plus cher que si vous nous aviez tout simplement, comme l'a fait votre « cousin » de la Caisse d'Epargne chez qui nous avions l'autre carte dérobée, remboursé ces 80 euros dans les 72h. Et ce n'est pas fini : il va falloir lire cette longue lettre, etc. Votre sens du profit ne peut pas y être insensible : combien d'heures de travail pour ce dossier FBP*** ? Aïe ! Aïe ! Aïe !
2/ J'avoue le coup « ah non ça compte pas, on vous a volé après votre opposition » extrêmement savoureux. Du petit lait ! Il est cocasse que vous assuriez notre manque de vigilance (toute opération effectuée entre le vol et le moment où nous le remarquons et faisons opposition), mais pas votre (in)compétence à vous (il est de votre ressort de faire bloquer la carte sur laquelle nous faisons opposition). Méfiez-vous, de mauvaises langues diront qu'assurer votre (in)compétence vous coûterait trop cher.
3/ Pour le contrat « SECURIPLUS » (qui porte aussi bien son nom qu’un parti politique, manifestement), nous avons eu connaissance de deux documents. · Un « avis de conseil » où nos « besoins et objectifs » sont ciblés : « D’indemniser une utilisation frauduleuse des moyens de paiement volés ou perdus ». On ne saurait mieux dire. En le signant, nous avons reconnu avoir pris connaissance du document suivant :· Les « Conditions particulières d’adhésion » où nous lisons : « Le contrat a pour objet le versement d’une indemnité en cas d’utilisation frauduleuse des moyens de paiement volés ou perdus et en cas de vol ou perte des clés et papiers, en même temps que les moyens de paiement. »· Où donc se trouve cette condition pour le moins saugrenue que vous présentez ainsi dans votre courrier du 9 janvier : « le remboursement des opérations frauduleuses [est prévu] uniquement lorsqu’elles sont effectuées par un tiers (…) entre le moment de la perte ou du vol de votre carte (…) et la réception, par votre agence bancaire, de la confirmation de votre opposition » ?
4/ Cependant, cet argument farfelu me donne une riche idée ! Je vais demander à mon frère de me voler ma carte bleue, et d'effectuer toutes sortes d'achats mirobolants et extraordinaires, après quoi, et après quoi seulement, je ferai opposition sur la dite carte, et vous présenterai la note, salée. Cette affaire me paraît très juteuse.
Et pour finir en sourire...
Mais pourquoi ? pourquoi ? diable ! nous enquiquine-t-il pour une si modique somme ? J'en suis quelque peu honteux. Que représentent 80 euros ? Une part d'une vie réussie. Oh ! une petite part... mais une part tout de même. En vertu de la loi Séguéla, il nous faut une Rolex d'ici 15 ans. Prenons ce modèle à 55 170 euros. Ces 80 euros ne seront pas négligeables le moment venu. 0,15% de la somme ! Allah ouakbar ! Hé oui !... vous êtes tombés sur un islamofasciste, pas de chance.
La réussite tient parfois à peu de choses. Mais calculons autrement, si vous le voulez bien. Considérons ces 80 euros comme un prêt que nous vous ferions. Ne serions-nous pas en droit de réclamer des intérêts, disons, à hauteur de 3% ? Si !... voire à 5% si vous êtes en surpoids, ou même à 15% si vous fumez. Au bout de 15 ans, date à laquelle nous pourrons juger de la réussite de notre vie, nous n'aurions plus alors 80 euros, mais 643 euros, soit pas loin de 1,1% du prix de la Rolex ? Nous progressons. Je sais, le calcul est fantaisiste mais c'est aussi cela que je vous reproche : vous êtes financier et ne comprenez strictement rien à la poésie des chiffres.
Avec les progrès de la Science, nous envisageons sérieusement la cryogénisation. Or, si nous nous réveillons dans 2296 ans, nos 80 euros seront devenus, devinez quoi : 55 211 euros. A nous la Rolex !
Je tolérerai donc que vous ne procédiez pas au remboursement si et seulement si vous nous offrez la Rolex à notre réveil. Merci de bien penser à congeler Séguéla (ce serait une idée à lui, Steevy Wonder, que ça ne m’étonnerait pas), si c'est Dieu possible, également, de gré ou de force, afin qu'il constate notre Réussite. En écrivant, je me demande s'il est bien raisonnable de le décongeler. Je vous fais juge.
Je me sens d'humeur mathématique. Nous avons un avoir de 55 211 euros. Je viens de le démontrer. Cette somme reste hélas ridicule au regard du Résultat Groupe BPCE 2015 : 23,8 milliards d'euros. Bigre ! Ça en fait des Rolex... Ça en fait même plus de 431 000 ! Trouvera-t-on assez de petits chintoks pour les fabriquer ? Vous qui aspirez à une vraie alternative de société, quasiment anarcho-bamboula (I'm free!), pourquoi donc n'avez-vous pas lu le dialogue entre Rousseau et un certain Chrysophile ? ou le Banquier anarchiste de Pessoa ? Quel dommage !...
Et puis, je suis tout intrigué à la lecture de vos résultats : je n'ai pas trouvé de ligne intitulée « fabrication de fausse monnaie », qui doit pourtant être une de vos plus importantes sources de revenus qui ne sont jamais partis. Je sens que votre niveau de stress monte légèrement. Peut-être pensez-vous que je vous insulte. Pas du tout ! Loin de moi l’idée de vous traiter d’escrots, je ne supporte pas les fautes d’orthographe. Et Maurice Allais, vous ne l'avez pas lu non plus ? Vous persistez à appeler cela des « crédits », c'est de la fabrication de fausse monnaie. Autorisée ! légale ! tout ce qu’il faut... mais fausse monnaie quand même. Ne savez-vous pas que l'argent que vous nous prêtez et pour lequel vous nous rançonnez d'intérêts, cet argent n'existe pas ?!
Enfin voilà. Je ne sais vraiment plus quoi penser. Steevy Wonder aurait-il été trompé ? La Banque populaire l'est-elle autant qu'Emmanuel Macron un espoir pour les travailleuses-eurs ? Je ne puis le croire. Ce serait trop horrible. A quoi nous raccrocher si nous ne pouvons nous fier à des banksters... pardon à nos chers, très chers banquiers et assureurs ? C'est la fin de tout. En tout cas, c'est la fin de nos 80 euros.
Je vous prie d'agréer, Madame, Monsieur, l'assurance, si je puis dire, de mes sentiments les plus riches.