Les socialistes ont tellement peur de Jean-Luc Mélenchon et des forces qui le soutiennent – ils ont raison – qu’ils ne savent plus où ils habitent, ni sur qui braquer leurs regards.
Chaque jour un peu plus, un état de panique parcourt le Parti socialiste, partagé, pour ne pas dire écartelé, entre le débat des primaires, qui devrait être un temps de controverses intenses, et l’héritage en négatif du quinquennat, si lourd, pour le moins, qu’il pèse comme un sépulcre sur la plupart des protagonistes. Loi Macron, loi travail, Cice, etc., aucun des dispositifs importants des gouvernements de François Hollande ne résiste à une vraie critique de gauche. D’ailleurs, la crédibilité de la parole publique en période de campagne électorale devient, inévitablement, un sujet central. Car, tout de même ! Comment réagir quand Manuel Valls déclare au journal le Monde de ce week-end: «Je pense que le libéralisme économique n’est pas la réponse à la situation de la France.» Convient-il de se réjouir de cette lucidité soudaine? Ou de s’inquiéter de son amnésie caractérisée? Que penser encore des propos de Ségolène Royal, qui affirmait, hier, dans le JDD: «Il n’y avait pas de conflit entre François Hollande et Emmanuel Macron.» Simple figure de style? Ou, déjà, une préposture de possible ralliement au candidat d’En marche!, sachant qu’elle ajoute ces phrases énigmatiques: «Il faut tenir des discours positifs. Emmanuel regarde vers le futur.» Les socialistes ont tellement peur de Jean-Luc Mélenchon et des forces qui le soutiennent – ils ont raison – qu’ils ne savent plus où ils habitent, ni sur qui braquer leurs regards. Après la désignation de leur candidat, tous les scénarios restent envisageables.
La seule boussole qui doit être la nôtre, contre vents porteurs ou marées repoussantes, c’est l’intérêt des plus faibles, des invisibles, des malheureux, de ceux qui souffrent de pauvreté, de chômage, de ceux qui subissent toutes les formes d’exploitation au travail, qui redoutent les nouvelles formes d’employabilité et n’imaginent leur avenir qu’en deçà de leur réalité d’aujourd’hui. Notre seule boussole, c’est de répondre aux déçus des politiques portées par Hollande-Valls-Macron, dont le bilan social s’avère si affligeant que, en effet, ils feraient mieux de s’excuser d’abord et de parler ensuite. La limpidité de l’enjeu se résume ainsi: battre l’extrême droite et la droite totale, battre les tenants du libéralisme supposément mou ou dur, de gôche comme de droite. [EDITORIAL publié dans l’Humanité du 16 janvier 2017.]