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Politique étrangère

Par Frédéric Joli

Je suis bien à nariner les pistils du printemps qui, malgré cette campagne achevée toute en douleur, m’apaisent. Aurore et Mata Hari sont dans le parc et, des hauts du château, bien carré dans mon transat à réflexion, je prends plaisir à entendre leurs petits rires moquant le cul lourd d’un bourdon besognant quelque fleur trop offerte. Et puis Fernand déboule, le pas lourd, le mocassin à glands de plomb, tout en infrabasse, genre Woofer de jeun’s ahuri de Tunning.

- Patron, patron, pourquoi Sarkozy a-t-il fait sa retraite monastique pré présidentielle à Malte ?

- Oh, c’est fort simple, mon bon. Parce qu’il se veut homme d’ordre. Bien… Associe, veux-tu, ordre à Malte, tu obtiens aisément Ordre de Malte.

- Vouich patron, me sourit-il, la lèvre épaisse collée à mi-dents.

- Qu’est l’Ordre de Malte ? A l’origine il s’agit d’un ordre militaire : l’ Ordre des chevaliers de Saint-Jean de Jerusalem créé au XIème siècle pour mener bataille contre les musulmans en terre sainte. A la chute de Saint Jean d’Acres, en 1291, l’Ordre se réfugie à Chypre, puis Rhodes, puis Malte. D’où le nom, Ordre de Malte.

- A vi, patron, les Templiers…

- Non mon bon, les Templiers constituaient un ordre concurrent à celui des Hospitaliers. Bon je vais te la faire courte sur les croisades et le tirage de bourre entre ces deux ordres de moines soldats car il convient de resserrer sur Sarkozy.

- Ah, ben vi, patron, j’l'avais oublié çui-là.

- Donc, mon bon, si l’imminent président est allé en retraite monastique à Malte c’est bien pour tracer les contours subliminaux de sa politique étrangère. Les Chevaliers de l’Ordre de Malte s’identifiaient, tout comme les Templiers d’ailleurs, par une croix pattée brodée sur une cape blanche à l’endroit où le cœur bat.

- La poitrine, donc, patron.

- Oui Fernand, tes notions en anatomie me fascine.

- Pfffffff.

- Bref, A la croix, Sarkozy a choisi une autre héraldique, une plus “in”, celle du NYPD blanc sur fond noir. Souviens-toi, quand il trottinait de tout son pas court dans les maquis jouxtant La Valette, il portait un T-Shirt de la police New Yorkaise, New York Police Department. C’était sa bure à lui de chevalier. Il trottinait au fion d’une polluante 4×4 flanquée de deux gorilles tout droit issus d’un feuilleton américain. Sarkozy foulait le sol de sa terre sainte, celle de son irrésistible ambition, désormais atteinte. En moinillon soldat il exhibait son allégeance, son camp. Et les images tournaient sur toutes les télés.

- Mais patron, vous seriez en train d’insinuer que le président a définitivement choisi l’axe du bien de monsieur Bush ?

- Ah oui, il l’a choisi son camp et les deux petits pieds dedans. La rupture avec Chirac et la politique pro arabe de la France qui fit si bien trémoler Ideal du Gazeau, Galouzeau de Villepin, pardon, devant le Conseil de Sécurité, en mars 2003 à propos de l’Irak est consommée. Depuis ce footing maltais, le petit faucon a symboliquement rejoint l’axe du bien et nous avec. Fort belle diplomatie en perspective. Nous verrons bien.

- Patron, on est français. Faut pas dire footing mais foutage.

- Vi, mon bon, de gueule

PS : Un commentaire de Fernand Mondain : Détendons-nous, voulez-vous, avec l’héraldique du patron.


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