Fabrice Moreau Quintet: première à Paris

Publié le 14 janvier 2017 par Assurbanipal

Paris, Ile de France, France

Mardi 10 janvier 2017, 21h.

Fabrice Moreau: batterie, compositions, direction

Matias Szandai: contrebasse

Jozef Dumoulin: piano

Nelson Veras: guitare

Ricardo Izquierdo: saxophone ténor

C'est le premier concert à Paris du quintette du batteur Fabrice Moreau, maintes fois célébré sur ce blog pour ses talents d'accompagnateur (sideman in English). Les compositions sont de lui.

Ca commence funky entre contrebasse et batterie aux balais. Piano et sax s'ajoutent. C'est doux et inquiétant. Le temps est décomposé. Batteur aux baguettes plus énergique mais pas moins subtil. Solo de guitare. Le mystère Nelson Veras. Apparemment c'est simple mais quel guitariste fait autant d'effet avec si peu de mouvement apparent? Au tour du saxo de prendre la main, envoûtant et aspirant. Le piano égrène les notes comme des grains de sable. C'est la première fois que j'entends Jozef Dumoulin sans son orgue magique. Au piano, il sait aussi créer des atmosphères étranges. Musique hallucinogène mais sans effet secondaire. C'est aussi bien joué qu'écrit.

Stop and go entre batterie aux baguettes et guitare. Il y a de l'écoute. Le bassiste ajoute sa pulsation. Petit à petit, les phrases s'allongent. Les musiques s'enchevêtrent pour n'en former qu'une. Le bassiste garde le tempo avec la guitare alors que le piano ralentit et que sax et batterie accélèrent.

Les morceaux sont si neufs qu'ils n'ont pas tous un titre. C'était " Valence " (en Espagne ou dans la Drôme?) suivi maintenant de " Double portrait ".

La rythmique démarre sur un groove tranquille entre le grave du piano et de la contrebasse et les cymbales sous les baguettes. La guitare et le sax ténor ajoutent leur petite danse. Tout baigne. Douce berceuse.

Solo de batterie pour commencer. Le pied martèle doucement la grosse caisse alors qu'il travaille finement les cymbales aux baguettes. Quant à la suite du morceau, je n'ai pas accroché.

Solo de piano bien grave rejoint par la contrebasse à l'archet puis la guitare qui se prend pour un oud. Le sax ténor s'ajoute, suave et langoureux à souhait. Le piano creuse dans le grave. Une mélodie finit par arriver du piano, soufflée par le ténor jusqu'au final. C'était " Ajax ", un hommage au héros de Homère, pas à Johann Cruyff.

" Pensierosa " (pensive en italien). Duo guitare & sax, pensif en effet. Belle résonnance entre piano et contrebasse. Les pensées deviennent agitées avec la rythmique qui secoue le saxophone ténor.

PAUSE

Il y a école demain et c'est ma saison d'hibernation. Ma chronique cesse donc.

" On peut très bien percevoir la trajectoire d'une œuvre, ses points forts et ses points faibles, et ne pas connaître précisément son langage. Pourtant, on perçoit ce qu'elle a à nous dire. Si la musique n'était perceptible que par les gens qui la connaissent, on n'aurait jamais qu'un auditoire très limité." (Pierre Boulez). Armé de cette pensée d'un compositeur et chef d'orchestre qui détestait le Jazz, je conclue en écrivant que, chez Fabrice Moreau, l'interprète me convainc beaucoup plus que le compositeur. Avec des compositions plus fortes, j'aurais été encore plus enchanté.

A titre de comparaison, vous trouverez une chronique sans réserve du même concert par Franck Bergerot dans Jazz Magazine.

La photographie de Fabrice Moreau est l'œuvre du Paranormal Juan Carlos HERNANDEZ. Toute utilisation de cette œuvre sans l'autorisation de son auteur constitue une violation du Code de la propriété intellectuelle passible de sanctions civiles et pénales .

Fabrice Moreau par Juan Carlos HERNANDEZ