(De l’envoyé spécial du Petit Journal.) Salonique, 11 janvier. (Retardée dans la transmission.) La Grèce vient donc d’accepter notre ultimatum. On ne sait pas ici ce que l’on en pensera en France, mais je vais vous dire tout ce suite ce qu’on en pense à l’armée d’Orient. On pense que cela n’a aucune importance parce que cette acceptation ne change rien à la situation. L’Allemagne n’étant pas encore prête, Constantin, comme par le passé, acquiescera à tous nos vouloirs. Nous lui aurions demandé le Parthénon pour le remonter place de la Concorde qu’il aurait dit : « Prenez le Parthénon. » Qu’est-ce que cela peut bien lui faire quand nous le forçons de nous promettre des choses, puisqu’il est résolu d’avance à ne pas les tenir. Cette fois, dirons-nous, nous lui avons fixé un délai. En Orient, les délais sont des bagatelles qui ne comptent pas, c’est comme le temps, ça n’est pas pris au sérieux. Tout ce que Constantin a vu dans celui que nous lui imposions, c’est qu’il donnait quinze jours de plus pour se retourner. Quand on persiste à appliquer sur le même mal le même remède qui l’endort mais ne le guérit pas, le mal n’est jamais tué.
Le Petit Journal, 14 janvier 1917.