The Dry de Jane Harper, Pan Macmillan 2016
Canicule traduit par Renaud Bombard, Kero 2017
Résumé de l’éditeur : Kiewarra. Petite communauté rurale du sud-est de l’Australie. Écrasée par le soleil, terrassée par une sècheresse sans précédent. Sa poussière. Son bétail émacié. Ses fermiers désespérés. Désespérés au point de tuer femme et enfant, et de retourner l’arme contre soi-même ? C’est ce qui est arrivé à Luke Hadler, et Aaron Falk, son ami d’enfance, n’a aucune raison d’en douter. S’il n’y avait pas ces quelques mots arrivés par la poste : Luke a menti. Tu as menti. Sois présent aux funérailles… Revenir à Kiewarra est la dernière chose dont Aaron a envie. Trop vives sont encore les blessures de son départ précipité des années auparavant. Trop dangereux le secret qu’il a gardé pendant tout ce temps. Mais Aaron a une dette, et quelqu’un a décidé que le moment est venu de la payer…
Ce livre, sous couvert de thriller, permet de parler d’un sujet que je n’ai jamais abordé : la sècheresse qui a touché le pays-continent au cours des années 1990-2010. Je suis arrivée en 2011, quand les conditions climatiques commençaient à s’améliorer, je n’ai donc jamais connu ces longues années sans une goutte de pluie. L’Australie est ici encore, un pays de paradoxes, le changement climatique a entrainé une augmentation de ses températures et une sècheresse de plus de 10 ans, mais la population semblait vivre dans le déni. La consommation d’eau a en effet augmenté pendant ces années-là. Remplir sa piscine, arroser sa pelouse et laver sa voiture étaient sans doute indispensable quand le pays s’asséchait. Cependant, dans un article duMonde diplomatique de 2007, on apprend que « ce ne sont ni les hommes ni l’industrie qui utilisent le plus d’eau. L’agriculture en absorbe plus des deux tiers chaque année, alors qu’elle ne représente que 3 % du PIB australien. » Ici, l’agriculture est peu adaptée à l’environnement et rejette d’énormes quantités d’eau saumâtre et polluée dans le système fluvial. Le gouvernement australien sacrifie son environnement au profit de l’économie et fait régulièrement les gros titres quant à son manque d’action pour sauver la Grande Barrière de corail. Les touristes peuvent aller se rhabiller, cet écosystème unique au monde aura bientôt disparu.
Pour revenir à ce premier roman de Jane Harper, le titre, Canicule, m’a tout de suite fait penser à la période caniculaire qui a touché le Victoria en février 2009. Aussi connu sous le nom de Black Saturday, cet épisode tragique a vu 400 feux de bush dévaster le paysage de la région et tuer 173 personnes en une seule journée. Même si l’histoire se déroule à une autre période, l’imaginaire de l’auteur a sans doute été marqué par ces affreux événements.
L’ambiance créée par Jane Haper (et extrêmement bien rendu en français par le traducteur !) m’a fait plonger la tête la première dans ce roman policier. J’ai aimé l’intrigue, bien ficelée, et l’enquête, rondement menée, par Aaron Falk, policier de la brigade financière de Melbourne venu à Keiwarra pour assister à l’enterrement de ses amis. Aaron est comme un poisson hors de l’eau dans cet environnement qu’il avait quitté depuis longtemps. On image assez facilement à quel point le décalage entre le mode de vie de Melbourne et celui de cette région reculée du Victoria est grand. Cette petite ville renfermée sur elle-même se nourrit de ressentiment et les conditions climatiques ne sont pas pour apaiser les tensions. Les habitants vivent les uns contre les autres plutôt qu’ensemble. Keiwarra n’offre décidément pas de rédemption possible. Je n’ai personnellement jamais vécu en dehors de Melbourne, mais certains critiques australiens ont écrit que la description donnée par l’auteur était plus vraie que nature, de quoi vous faire froid dans le dos !
Un bon thriller 100% australien.
Jane Harper a reçu le prix Victorian Premier pour son manuscrit (alors) inédit et les droits cinématographiques ont été achetés par une maison de production hollywoodienne. Quel succès !
NB. Ma critique est complètement objective, même si ce livre (numérique) m’a été gracieusement prêté par les éditions Kero.