La plus forte densité de nouvellistes, c’est ici. Ma bière c’était là.

Par Georgesf


Ce sera ici. A Lauzerte, Tarn-et-Garonne, le 21 septembre. 25 nouvellistes sur 1.000 m2 ! S’ils n’écoutaient que leur libido, les 25 nouvellistes y seraient d’ailleurs présents toute l’année. Mais il faut aussi qu’ils travaillent, ces nouvellistes, sinon leurs éditeurs vont s’impatienter.

Ce qu’il y a de bien, à Lauzerte, c’est d'abord un cadre superbe, celui d'un des plus beaux villages de France. Splendide bastide moyenâgeuse créée par le comte de Toulouse en 1241, dirait le Guide vert. Bien aussi la population, toute entière rassemblée autour de l’événement. Une population d’amoureux de la nouvelle. Nous, les nouvellistes, on a besoin d’amour, alors on arrive. Et on revient.

C’est ce qu’il y a de bien aussi, avec cette manifestation, elle rassemble de plus en plus de nouvellistes chaque année : ceux qui y viennent une fois y reviennent ensuite, tant l’ambiance est sympa. Ils y reviennent même s’ils ont été battus pour le Prix Le Scribe « Place aux nouvelles » qui en constitue le point d’orgue. Les gagnants aussi reviennent car ils sympathisent avec les perdants. Les perdants sympathisent avec les lecteurs de nouvelles, les Lauzertains, tout le monde sympathise avec tout le monde, on se croirait au début d’une convention du P.S., quand les caméras sont là. Sauf qu’à Lauzerte ça continue après le passage des caméras.

 Vous aimez les nouvelles ? Venez, accourez, vous pourrez parler aux nouvellistes comme s'ils étaient des gens normaux : vous pourrez parler à la chère Annie Saumont. Non seulement elle vous écoutera, mais elle vous répondra avec la plus grande gentillesse. Un peu comme Christine Angot au Salon du Livre, quand les caméras sont là. Sauf qu’Annie continue après le passage des caméras. Encore ? Oui, décidément, on finit par se demander à quoi ça sert qu’elles viennent ces caméras, puisqu’elles ne changent rien. Dans la cas d’Annie, c’est normal : elle est toujours gentille, c’est plus fort qu’elle. Et ça finit par être contagieux, tous les nouvellistes deviennent gentils, même moi. Mais méfiez-vous, je suis assez faux-cul. Quand je parle gentiment à quelqu’un, c’est que je suis en train de lui piquer un sujet de nouvelle. Ou de surveiller mon verre de bière.

 J’arrive ici à l’essentiel : le lecteur qui m’a piqué mon verre de bière l’an dernier à Lauzerte tandis que je pondais une dédicace n’a pas intérêt à récidiver : j’ai l’air gentil, mais il ne faut pas croire, je serai sur mes gardes. Même quand les lecteurs arriveront par centaines pour demander une dédicace de mon nouveau recueil « Qui comme Ulysse » qui sortira le 20 août à 8h00 (c’est noté ? Combien de fois devrai-je le répéter ?) Je demande donc aux centaines de venir par paquet de dix dizaines, pour que je puisse surveiller mon verre de bière.

En fait, pour ce verre de bière, je soupçonne plutôt un autre auteur. Ils étaient tous trop gentils avec moi, c’était bizarre. Je m’oriente vers Fouad Laroui ou Marc Villard, que j’ai trouvé bien trop rigolards. D’ailleurs, ils vont revenir cette année sur les lieux du crime. Anouar Ben Malek, Claude Bourgeyx, Manu Causse, Eric Holder, Michel Lambert aussi. Tous rigolards, tous revenants. Et les femmes ! Christine Avel, Laurence Barrère, Magali Duru, Françoise Guérin, Marie-Hélène Lafon, Marie Le Drian, Frédérique Martin, Chantal Pelletier, Claude Pujade-Renaud, et même Emmanuelle Urien. Tu quoque soror ! Toutes souriantes, mais bien déterminées à me piquer mon verre de bière. Je ne cite pas Annie Saumont, elle ne boit pas de bière. Et puis il y aussi tous ces nouveaux de l’année, attirés par cette histoire de verre de bière : Pierre Le Coz, Yves Leriadec, Bertrand Runtz, Jan Thirion, Thomas Werth. Vous vous rendez compte ? Toute l’élite de la nouvelle qui sera là, rien que pour me piquer mon verre de bière. Faut-il qu’ils aient faim et soif, les nouvellistes ! Il est bien, ce paargraphe, j'ai casé la liste des 25 nouvellistes participant sans que ça fasse prière d'insérer. Revenons à ces 25 nouvellistes ainsi insérés.

Heureusement, vous serez là pour les occuper : vous irez discuter avec eux aux tables de dédicaces, vous pourrez les draguer tandis qu’ils donneront des lectures publiques de leurs œuvres, vous irez leur poser des questions-pièges lors des conférences-débats (ne ratez pas Fouad et Anouar, ils sont excellents dans l’art de répondre aux questions tordues : quand ils vous auront répondu, vous ne saurez plus quelle était la question. Eux non plus). Vous irez aussi en ateliers avec les uns, en concerts avec les autres, vous boirez longuement des sangrias (le soir, ça gonfle moins) sur la place avec eux, vous serez aussi occupés qu’eux, personne n’ira me piquer mon verre de bière.

Je relis cet article, ce n’est pas bien du tout. Je parle beaucoup trop de mon verre de bière : c’est important, mais pas à ce point-là. D’ailleurs, c’était peut-être moi qui l’avais bu.

Il y a d’autres choses presque aussi importantes à dire, voyez http://www.lescribe.com/nouvelles.html .

Il y aura la remise du Prix Place aux Nouvelles. Les 5 finalistes de l’année sont :

·   Les Beaux dimanches (Quadrature) de Magali Duru.

·   Rescapés ordinaires (D'un Noir Si Bleu) de Laurence Barrère.

·   L'autre Versant du jour (Le Rocher) de Pierre Le Coz. .

·   Cette fragilité en dépit de tout (Finitude) de Bertrand Runtz.

·   Les hommes aussi ont besoin d'amour (L'Arpenteur / Gallimard) d'Yves Lériadec.

Vous pouvez devenir juré, allez voir le site du Scribe. Attention, c’est du sérieux. Les lauréats précédents ont été :

·   Un soir, à la maison (Julliard) d'Annie Saumont en 2004

·   Tu n'as rien compris à Hassan II (Julliard) de Fouad Laroui en 2005

·   Court, noir, sans sucre (L'être minuscule) d'Emmanuelle Urien en 2006

·   La Diablada (Anne Carrière) de Georges Flipo en 2007.

Oui, vous avez bien lu. Après Annie Saumont, Fouad Laroui, et Emmanuelle Urien. Vous ne pouvez imaginer le plaisir que ça m’a fait, l’an dernier. Depuis, je ne bois plus de bières.

J’ai tout dit. Mon exposé est tellement rigoureux, à part ces histoires de verre de bière, qu’il n’y a normalement aucune question à poser, aucun commentaire à faire. Si vous y tenez vraiment, lâchez-vous. Ne serait-ce que pour dénoncer le voleur de verre de bière. Délatez, délatez, les occasions sont rares.