Parce qu’elle est sans aucune nouvelle d’Eléa, sa fille de 17 ans embrigadée par Daesh et partie en Syrie il y a maintenant six mois, Laurence commence à tenir un journal. Écrire l’empêche de céder entièrement à la douleur qui la ronge chaque jour davantage, à la colère de n’avoir rien vu venir, et de n’avoir pas su comprendre que tout allait basculer. De trop nombreuses questions sans réponse la hantent : comment Eléa va-t-elle ? Où vit-elle ? Et avec qui ? Comment Eléa, qui avait la tête sur les épaules et des envies par centaines, a-t-elle pu manquer de discernement au point de renoncer à tout… et surtout à sa liberté ? Laurence interpelle sa fille et lui raconte, jour après jour, sa tristesse et sa participation à des groupes de déradicalisation, sa lutte pour éveiller les consciences, tenter d’empêcher le départ d’autres adolescents… Pour tenter aussi de contrer l’absence de sa fille, ne pas la perdre tout à fait…
À ses mots répondent ceux du journal intime d’Eléa, écrits un an auparavant. On découvre peu à peu comment pour cette jeune fille la frontière qui sépare influence et conviction a été franchie. Comment aux rêves d’avenir, aux premiers émois amoureux, aux amitiés sereines, se sont substitués la manipulation, la soumission, l’extrémisme…
- Broché: 288 pages
- Editeur : Hachette Romans
- Date de sortie : 2 janvier 2017
- Prix : 15.90€ (papier) 10.99€ (ebook)
- *SERVICE DE PRESSE
- *NETGALLEY
MON AVIS :
Dès les premières pages, on ressent toute la tristesse de cette mère de famille, complètement anéantie depuis le départ de sa fille, Elea, pour la Syrie. Le manque est omniprésent, l'incompréhension est immense face à cet échec de n'avoir rien vu, ni entendu, malgré quelques signes avant-coureurs qui flottaient déjà autour de cette famille et, surtout, l'impuissance de ne pas savoir quoi faire pour la retrouver. Alors, tous les jours, cette maman écrit dans son journal. Elle se confie à Eléa, lui parle du quotidien, de sa peine, de son manque d'elle, de son père Samir, qui, depuis son départ, a perdu la tête et séjourne en hôpital psychiatrique. On jongle entre les points de vue de la mère, du père et de cette adolescente.
D'un côté, nous avons toutes les démarches effectuées et le combat de Laurence, la mère afin de retrouver son enfant, ainsi que les rencontres avec les autres parents qui sont dans la même situation. Pis, nous avons le père, une fois interné, vit entre rêves et cauchemars, délires et sérieux, songes et la réalité, l'Algérie et la France. Il fait un peu sourire par sa folie, mais c'est le coeur brisé qui l'a rendu ainsi et qui a brisé le mien également. Et, il y a Elea, qui tient son journal intime depuis un an, qui raconte ses amourettes, sa haine pour le système, les parents, les amis, les sorties. Une ado normale, jusqu'à sa rencontre via les réseaux sociaux, avec ce jeune homme. Etape par étape, on suit tout le processus mis en place par cet homme pour l'accaparer dans ses filets, la manipuler par des mots gentils, par les sourates du coran et la travailler par ses failles, ses peurs, pour qu'elle se perde dans son identité, au point de tout rejeter et devenir quelqu'un d'autre. Finalement, l'emprise psychologique est incroyablement efficace, puisqu'elle ne peut plus se passer de lui et ce, jusqu'à une totale soumission. L'embrigadement.
CITATION : On ne sait jamais ce qui fait d'une personne une proie, ni pourquoi l'emprise fonctionne sur un individu et pas sur un autre. Une sensibilité particulière, sans doute... Un moment aussi, évidemment.Bien que l' histoire soit fictive, elle reflète très bien notre société actuelle, nous mettant en garde contre les réseaux sociaux et tous ces pièges qui en regorgent pour attirer, séduire, manipuler, embrigader nos enfants, nos ados, nos jeunes afin qu'ils se sentent spéciaux, différents et importants. Et il suffit d'un rien pour être une bonne cible. Un récit qui fait réfléchir.
MA NOTE :