Le rêve désespéré de Jean-Christophe Cambadélis

Publié le 12 janvier 2017 par Sylvainrakotoarison

" Le seul qui peut réunir un tant soit peu la gauche, c'est François Hollande. " ("Libération", le 18 avril 2016).

Ce jeudi 12 janvier 2017 à 21 heures a lieu sur TF1 une première : le premier des trois débats prévus de la primaire socialiste qui départagera Manuel Valls, Benoît Hamon, Arnaud Montebourg, Vincent Peillon, Sylvia Pinel, François de Rugy et Jean-Luc Bennahmias les 22 et 29 janvier 2017. Le niveau d'audience donnera sans doute une indication sur le niveau de la participation électorale.
Pour Jean-Christophe Cambadélis, à l'origine de cette primaire, tout repose justement sur la participation : une forte participation relancerait la candidature socialiste alors qu'actuellement, quelle que soit les hypothèses, elle se situerait dans les intentions de vote seulement en cinquième position selon les sondages. Le problème, c'est que parce que la candidature socialiste n'est pas donnée comme porteuse de victoire ni d'avenir, les (rares) sympathisants socialistes (qui restent encore) ne sont pas encouragés à y participer.
Jean-Christophe Cambadélis, grand adepte de la méthode Coué, veut croire que la primaire socialiste va déverrouiller le contexte de l'élection présidentielle et faire reprendre le leadership de la gauche par le candidat socialiste au détriment de ses deux concurrents directs, Jean-Luc Mélenchon et Emmanuel Macron. Depuis un mois, il serait même serein.
Dans un tweet le 4 décembre 2016, il a effectivement affirmé : " Le PS sera encore là demain. Je m'en porte garant. La primaire est là pour permettre le rassemblement dès le 1er tour. ". Pourtant, deux mois auparavant, il avait dit : " Si Hollande n'y va pas, le PS explose. On ne va pas laisser Jean-Luc Mélenchon en tête de la gauche ! ".
Il a beau se persuader que cette primaire fait participer une nouvelle génération de responsables politiques (il est vrai que les vieux éléphants du PS sont désormais remisés au grenier), ce n'est pas forcément une génération d'avenir. Après tout, Emmanuel Macron est encore plus jeune que chacun des sept candidats de la primaire du PS et assurerait nettement mieux qu'eux la relève auprès de "l'opinion publique".
Jean-Christophe Cambadélis, député de Paris de 1988 à 1993 et depuis 1997, bras droit de Dominique Strauss-Kahn en 2011 et ancien militant gauchiste de l'UNEF-ID (il a présidé ce syndicat étudiant de 1980 à 1984), devrait être heureux en ce moment car il vit sans doute les meilleurs jours de sa carrière politique.
En effet, après la nomination de Manuel Valls à Matignon et l'éviction du médiocre Harlem Désir de la tête du PS ( nommé au gouvernement !), Jean-Christophe Cambadélis avait reçu son bâton de maréchal le 15 avril 2014, à l'âge de 62 ans, en se faisant désigner premier secrétaire du Parti socialiste, un poste stratégique pour ceux qui sont focalisés vers ce parti (sa désignation a été confirmée le 28 mai 2015). Après sa première tentative à le devenir le 12 septembre 2012.

C'est une fonction qui peut conduire au plus haut niveau de l'État. C'était la seule responsabilité nationale de François Hollande, celle aussi qui a fait démarrer la carrière de Lionel Jospin, celle également qui a permis à François Mitterrand de dominer son camp pendant dix ans... mais aussi un poste piège qui a brûlé les ailes de Michel Rocard.
Pourtant favorable à la candidature de Manuel Valls, Jean-Christophe Cambadélis s'est laborieusement interdit de prendre parti dans la primaire socialiste, dans la mesure où il dirige un parti dont il voudrait garder l'unité après le 29 janvier 2017.
Cette unité serait pourtant très difficile à préserver. Il est probable que le candidat désigné le 29 janvier 2017 soit parmi les trois principaux candidats, à savoir Manuel Valls, Benoît Hamon et Arnaud Montebourg. Or, la désignation du premier ou d'un des deux autres ferait de toute façon doublon avec l'offre électorale déjà proposée antérieurement : Emmanuel Macron pour Manuel Valls et Jean-Luc Mélenchon pour les deux autres.
La frontière entre gauche de gouvernement et gauche de revendication se trouve au sein même du PS et le scinde en deux camps. Cela signifie qu'il est très difficile au PS d'apporter une véritable offre originale sans doublonner avec une offre externe. Et on imagine mal Benoît Hamon soutenir Manuel Valls au détriment de Jean-Luc Mélenchon et, inversement, Manuel Valls soutenir Benoît Hamon au détriment d'Emmanuel Macron.
Pour exister et se perpétuer sans se disloquer, il reste aux socialistes seulement la politique politicienne, les faux arguments, la mauvaise foi, les attaques stériles et peu constructives qui permettent néanmoins de rassembler tous ses membres autour d'une logique : celle de perdre avec le moins grand déshonneur possible.
En bon apparatchik, Jean-Christophe Cambadélis ne cesse donc de répéter, sans conviction, sa leçon anti-droite, comme lors de l'émission "Question d'info" sur LCP le 4 janvier 2017. Lui, le donneur de leçons morales, n'hésite pourtant pas à employer allègrement un langage du Front national en évoquant les "Français de souche" ( j'y reviendrai un jour), et ne trouve comme angle d'attaque contre François Fillon qu'en l'appelant "le châtelain" (on voudrait connaître aussi le patrimoine de Jean-Christophe Cambadélis).
La nullité de la défense molle du quinquennat mou de François Hollande, le Président de la République le plus mou de toute l'histoire de France (il y a eu confusion entre normalité et mollesse) tient à ce qu'en fin de quinquennat Hollande, il brandit le bilan ...du quinquennat Sarkozy, fustigeant les "déficits" que leurs prédécesseurs auraient laissés aux socialistes.
Parler du passé d'il y a dix ans au lieu de l'avenir dans dix ans donne une première idée de cette "nouvelle génération" du PS. Une campagne présidentielle peut évidemment critiquer ou défendre un bilan, mais le passé reste le passé et ne peut être modifié. L'essentiel est d'apporter des perspectives aux Français pour la prochaine décennie, une vision, un horizon meilleur et les moyens de l'atteindre.
Et surtout, en jouant les mauvais joueurs (incapables d'assumer leur propre incapacité de gouverner pendant cinq ans), les socialistes d'appareil oublient deux faits pourtant incontestables : l'un historique, la grave crise financière mondiale déclenchée le 15 septembre 2008 de même ampleur que la crise de 1929 et l'autre comptable, avec le rapport d'audit publié le 2 juillet 2012 par la Cour des Comptes (présidée par un socialiste, Didier Migaud, et donc peu suspect de complaisance à l'égard de Nicolas Sarkozy) qui avait au contraire salué la capacité à assainir les finances publiques du gouvernement de François Fillon (le rapport, un peu oublié par ces socialistes qui l'avaient pourtant commandé pour s'en servir en vue de fustiger un héritage supposé désastreux, est accessible ici).
Le bilan socialiste est pourtant là : un million de demandeurs d'emploi en plus entre 2012 et 2017, une dette publique qui continue à bondir au point de s'approcher des 100% du PIB, la pauvreté qui empire (de 15%) tandis que les millionnaires se multiplient (de 6%), et des pans entiers de l'économie française qui se sont encore effondrés, des usines qui se sont délocalisées, un pays qui se désindustrialise tout en réduisant ses attraits pour le tourisme et l'économie du luxe en raison des risques terroristes et du climat d'insécurité.
Les électeurs donneront sans doute leur préférence, le 23 avril 2017, au candidat (aux candidats) qui les rassureront et qui leur apporteront un réel espoir de sortie de crise, c'est-à-dire, qui ne se contenteront pas de critiquer la situation actuelle, de faire un diagnostic, mais qui proposeront également une thérapie, un traitement de choc qui puisse être cohérent, utile et efficace. Avec ces programmes bâclés des candidats à la primaire socialiste, il est peu vraisemblable que cet espoir puisse provenir de ce PS si anachronique...
Aussi sur le blog.
Sylvain Rakotoarison (12 janvier 2017)
http://www.rakotoarison.eu
Pour aller plus loin :
Jean-Christophe Cambadélis.
Premier secrétaire du PS depuis le 15 avril 2014.
La primaire socialiste de janvier 2017.
L'élection présidentielle vue en janvier 2017.
François Hollande.
Emmanuel Macron.
Jean-Luc Mélenchon.
Manuel Valls.
Arnaud Montebourg.
Benoît Hamon.
Vincent Peillon.

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