The Lox « Filthy America… It’s Beautiful » @@½
Sagittarius Laisser un commentaireCes deux dernières années, la liste des retours que l’on n’attendait pas ou plus continue de s’allonger. D’Angelo, Dr Dre, De La Soul, Tribe Called Quest et en attendant la reformation de Pete Rock & CL Smooth pour 2017, voici maintenant le come-back de The Lox chez Roc Nation. Après Money, Power, Respect sorti chez Bad Boy en 98 et We Are The Streets chez Ruff Ryders en 2000, le trio du Yonkers a choisi une troisième écurie pour ce premier album depuis seize ans, Filthy America… It’s Beautiful.
Il aura fallu des mois et des mois de tractations pour que cet album de Jadakiss, Sheek Louch et Styles P voit le jour en major par le biais de la compagnie de Jay-Z, avec une sortie annoncé à la va-vite deux semaines avant l’échéance. Et c’est pas fameux du tout… Déjà, que dix titres, en soustrayant les deux interludes qui servent rien (dont « Stupid Questions » qui balaie les interviews), le tout faisant 40 minutes de rap parfaitement inégal. Les Lox emploient des titres qui auraient pu cartonner au début des années 2000, comme « Move Forward » avec un beat 100% Primo et le conceptuel « Filthy » (produit par Pete Rock tiens), où les trois gaillards se voient à leur procès.
Et ils ont eu la très mauvaise idée de les mélanger avec des trucs plus récents, dans une espèce de volonté d’être sur les deux tableaux à la fois et ça ne va pas. Ou du moins, ce n’est pas l’idée qu’on se fait d’un album des Lox si on se base sur leurs deux premiers opus. On a droit à « The Agreement« , dont plutôt mélancolique n’a rien de dégueu mais le refrain de Fetty Wap complète mal l’ensemble. En revanche les synthés sur le hook de « Don’t You Cry » sont proprement affreux et gâchent tout. Pire, « Secure the Bag » introduit par le pénible DJ Khaled ne fait que suivre les sujets à la mode sur un beat super à la mode, c’est-à-dire vendre de la dope sur un instru trap. On n’applaudit pas.
Au milieu de ce compromis qui ne plaira ni aux uns, ni aux autres, et indigne d’un groupe de cette stature, même la connexion avec les Mobb Deep sur « Hard Life » tombe à l’eau avec une prod semi-électro de seconde zone signée Dame Grease et un refrain trop facile, sans parler des textes qui font l’étalage d’une authenticité surannée qui aurait été plus crédible sur un instru plus dur et agressif. Ne reste plus qu’à se raccrocher à la technique et aux lyrics de trois rappeurs qui font dans le minimum syndical pensant que ça conterait tout le monde. Tout comme Top 5 Dead or Alive de Jadakiss sorti l’an passé, Filthy America… It’s Beautiful est une lourde déception en mode « fuck an A&R ».
On savait dès le départ que ça n’allait pas le faire ce come-back des Lox, et effectivement ça l’a pas fait, donc non je ne suis pas content. Franchement les gars, vu le résultat-là avec les pauvres résultats dans les charts, vous auriez pu nous en dispenser, ou alors faire un petit effort… Ou vendre ça comme une mixtape vendue par paquets dans les coffres de voiture, à l’ancienne. Sérieusement… Tout ce qu’ils gagnent, c’est de donner envie de réécouter leurs deux premiers disques et de les considérer comme des classiques (bien que ce soit loin d’être le cas).