Les sans-cœur

Publié le 11 janvier 2017 par Le Journal De Personne
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Je me suis faite opérer, hier ou peut-être aujourd'hui.
Je me suis refaite une santé comme on dit, suite à une longue maladie, dont j'ai toujours gardé le secret peut être par dépit.
La convalescence sera longue, m'a-t-on prédit, mais j'ai failli y passer... dans une boîte oblongue...
Anesthésie, chirurgie et complicaciones et me revoici... allongée sans danger... en sursis... mais débarrassée du pire de mes soucis... et presque sortie de l'auberge espagnole soit dit en passant...

On m'a prescrit du Valium 5 pour prolonger mes nuits... je dors parce qu'on m'a endormie... peut être pour que je cesse de parler, de râler...
Pour que tout ce que je dis soit mis sur le compte de la comédie. Du comme si. Du rêve défini comme une seconde vie.

Je ne souffrirai plus de ce que j'ai souffert... ni de ce qui m'a fait souffrir... c'est ce qu'on m'a dit... je ne mourrai plus de ce qui fait mourir même les plus durs à cuire.
On m'a ôté l'organe le plus sensible, le plus meurtri, le plus fragile : le cœur... on me l'a retiré, comme on retire à quelqu'un l'épine du pied...
L'ablation du cœur... quel soulagement ! Quel bonheur !
Il ne battra plus... pour personne. Paix et miséricorde à tous.

Je n'ai plus de cœur pour réfugier n'importe quel malheur.
C'est désormais mon esprit qui fera le tri.
Je choisis sans être dupe du verbe choisir.
Je ne sens plus tout ce que je ne peux pas sentir... je suis devenue insensible à vos douleurs, mais aux miennes aussi...
Vous vous dîtes : non, ce n'est pas possible ; ce n'est pas crédible... tout être vivant est un être sensible.
Je ne vous dis pas oui, je ne vous dis pas non... parce que je vous trouve risibles...

Maintenant je sais, je sais pour qui je vais voter...